Hommage de la délégation belge sur la plage de Sousse, le 19/9/2015. © FJDO

Tunisie: une mission belge pour soutenir le tourisme

Depuis les massacres de Sousse et du Bardo, les tour-opérateurs désertent la Tunisie. Un comité belge s’est rendu sur la plage funeste de Sousse pour témoigner sa solidarité avec les Tunisiens délaissés.

« Jamais vu autant de sécurité que maintenant », observe Sehbi, qui gérait la petite base nautique de l’hôtel Imperial Marhaba à El Kantaoui, près de Sousse. Le 26 juin dernier, un étudiant massacrait à la kalachnikov 38 vacanciers (dont 30 Britanniques et 1 Belge) allongés sur des transats, et jusque dans l’hôtel. Sehbi est lui-même un rescapé. « Nous avons poussé les clients vers une cave derrière la thalasso. C’était terrible. Je suis resté dix jours sans dormir ».

Aujourd’hui, la police est partout : à pied, en jet ski, en quad, elle scrute le moindre mètre carré de sable. Où les transats sont le plus souvent vides. La Tunisie est aujourd’hui sur la liste noire des voyagistes, d’autant que le 18 mars 2016, une autre attaque jihadiste, cette fois au musée du Bardo à Tunis, a coûté la vie à 21 étrangers. Plus de 60% de l’activité hôtelière est à l’arrêt, rapporte « Le Temps » de Tunis, et cela monte à 80% au sud du pays.

« Aujourd’hui, nous n’avons que 50 clients, pour 365 chambres. Principalement des Allemands, des Français, des Russes », témoigne Zohra Driss, propriétaire du Marhaba. Mais pas de Belges. Et peu de chances qu’ils reviennent vite : les tour-opérateurs de notre pays ont entre-temps prolongé de plusieurs mois la suspension de leurs charters vers la Tunisie. Ils s’abritent derrière l’avis de voyage négatif émis par le ministère des Affaires étrangères, qui « déconseille » la destination.

Tunisie: une mission belge pour soutenir le tourisme
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Mécontent de ce bannissement, le Comité de vigilance pour la démocratie en Tunisie (CVDT), composé de Belges et de Belgo-Tunisiens, a interpellé le ministre Didier Reynders pour qu’il « revoie sa position dissuadant les touristes belges d’aller en Tunisie ». Cette position, ajoute-t-il, « est perçue par les Tunisiens comme hostile et reflète un certain alignement sur la position commerciale des tour-opérateurs ».

Ce week-end, une délégation du CVDT forte de 38 personnes, dont Philippe Moureaux (PS), s’est rendu à Sousse pour rendre hommage aux victimes et témoigner de la solidarité avec les Tunisiens victimes de la chute du tourisme et du désastre économique et social qui en résulte. Elle devait se rendre au musée du Bardo dimanche matin.

« Bannir la Tunisie pour des raisons de risque terroriste, martèle l’avocat liégeois Mohamed Ellouze, pourrait avoir comme effet pervers d’aggraver celui-ci, car les jeunes Tunisiens qui n’ont plus de travail et sombrent dans le désoeuvrement peuvent devenir des proies faciles pour des recruteurs jihadistes. »

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