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Trump repart en campagne: le point sur ses promesses tenues… ou non

Le Vif

« Une grande foule, un grand jour! »: Donald Trump repart mardi en campagne, en quête d’un second mandat qui lui permettrait de diriger la première puissance mondiale jusqu’en janvier 2025.

Le 16 juin 2015, il se lançait dans la course en apparaissant en haut de l’escalator de la Trump Tower, le gratte-ciel qui porte son nom au coeur de Manhattan, une scène étonnante qui appartient désormais à l’histoire politique américaine.

Le 18 juin 2019, il prendra possession du Amway Center à Orlando, en Floride, Etat qui oscille depuis des décennies entre démocrates et républicains et qu’il a remporté de justesse face à Hillary Clinton.

Les sarcasmes et les sourires amusés qui avaient accueilli l’annonce de sa première candidature sont loin. Et l’ancien homme d’affaires, qui vient de fêter ses 73 ans, ne cache pas son envie d’en découdre, de replonger dans la mêlée, à plein temps ou presque.

Il entend bien, pour l’occasion, sortir son atout-maître: sa capacité à souder ses partisans, et à galvaniser les foules. « Plus de 100.000 personnes ont demandé des billets! », a-t-il assuré sur Fox News, avant d’égratigner l’ancien vice-président Joe Biden qui, pour l’heure, fait la course en tête dans les sondages côté démocrate.

« Le problème de Biden c’est que personne ne va l’écouter, il peine à rassembler 100 personnes… », a-t-il ironisé, tentant d’imposer au démocrate l’image d’un homme sans charisme et vieillissant, n’ayant plus le feu sacré.

« Fantastique » Melania

La Première dame Melania (« elle fait un travail fantastique ») et le vice-président Mike Pence (« quelqu’un de véritablement exceptionnel »), seront présents pour cette soirée « Make America Great Again ».

Loin de l’improvisation et de la cacophonie de 2016, son équipe de campagne est désormais très structurée. Sur la forme en revanche, rien n’indique que Donald Trump ait l’intention de changer de registre, de mettre en sourdine les provocations et les attaques personnelles, de jouer une carte plus « présidentielle ».

« De son point de vue, l’équation est claire: ça a marché à merveille en 2016 contre tous les pronostics, il l’emportera de nouveau en 2020 en se fiant à son instinct », souligne le politologue Larry Sabato, de l’université de Virginie.

La stratégie n’est pas sans risques.

Depuis son arrivée au pouvoir, il n’a jamais montré sa volonté d’élargir sa carte électorale. Une réélection passe donc par une nouvelle performance sur les mêmes terres. Or la voie s’annonce particulièrement étroite si l’on en juge par les élections de mi-mandat, qui ont montré un retour en force des démocrates dans la « Rust Belt » (« ceinture de rouille »), les régions ouvrières.

Face à lui, une vingtaine d’hommes et de femmes aux profils très différents se disputent la nomination du parti démocrate. Les premiers débats, organisés sur deux soirs consécutifs afin d’accommoder le nombre record de participants, auront lieu fin juin, également en Floride, à Miami.

« L’Economie Trump »

Les démocrates ont-ils tiré des leçons de leur échec surprise de 2016 et sont-ils prêts pour l’échéance électorale du 3 novembre 2020?

Pour l’historien Julian Zelizer, de l’université de Princeton, le parti de Barack Obama ne sait toujours pas vraiment quelle stratégie adopter face à l’exubérant milliardaire républicain.

« Nous avons vu les prémices de différentes stratégies: Elizabeth Warren se concentre sur le programme, le programme. D’autres, comme Pete Buttigieg, cherchent comment l’attaquer un peu plus frontalement », explique-t-il à l’AFP. Mais Donald Trump « excelle toujours dans l’art d’imposer le ton du débat ».

A Orlando, il devrait une nouvelle fois mettre en avant les bons chiffres de l’économie américaine et agiter le spectre d’un scénario apocalyptique si un démocrate le chassait de la Maison Blanche à l’issue de son premier mandat. « L’Economie Trump bat tous les records et ce n’est pas fini… », a-t-il tweeté samedi. « Mais si n’importe qui d’autre que moi prend les rênes en 2020 (je connais très bien mes concurrents), il y a aura un Krach Boursier comme on n’en a jamais vu! »

Cette soirée de mardi dans le « Sunshine State » peut-elle faire date, marquer un tournant? Julian Zelizer, qui rappelle que Donald Trump est perpétuellement en campagne, en doute. « Pour lui, il ne s’agit pas véritablement de lancer quelque chose de nouveau, juste d’assurer que le show en cours se poursuive ».

Promesses tenues… ou pas, le premier mandat Trump

« Promesses faites, promesses tenues »: avec ce slogan, Donald Trump a la présidentielle 2020 et sa réélection en ligne de mire. Mais est-ce vrai? Réussites ou échecs, tour d’horizon du premier mandat mouvementé du président américain avant le début de sa seconde campagne présidentielle.

Les réalisations

. Economie

Donald Trump devrait en faire le mantra de sa campagne.

La croissance est de 3,1% au premier trimestre 2019 et la dernière récession remonte à la décennie précédente. Le chômage pointe à son taux le plus bas en cinquante ans, à 3,6%.

Mais les fréquentes envolées du milliardaire républicain se targuant d’avoir probablement la « meilleure » économie de l’histoire américaine sont néanmoins exagérées.

Les économistes anticipent des menaces exponentielles, dont une dette publique en forte ascension et un retour de bâton de la stratégie agressive de Donald Trump sur le front des échanges commerciaux, notamment avec la Chine.

. Justice

Le républicain avait promis de nommer un grand nombre de juges fédéraux conservateurs. Mission accomplie.

Sa plus grande réussite sur le terrain du droit reste la nomination de Neil Gorsuch et de Brett Kavanaugh à la Cour suprême des Etats-Unis.

Ces deux nominations ont ancré pour des années dans le camp conservateur la plus haute juridiction américaine, qui tranche les débats sociétaux les plus vifs.

. Politique étrangère

Le natif de New York avait promis de secouer la scène internationale, c’est chose faite. Mais les Etats-Unis sont-ils désormais « respectés » dans le monde, comme il le martèle? Le débat est ouvert et la déstabilisation en marche.

Il a retiré les Etats-Unis de l’accord de Paris sur le climat et du traité entre les grandes puissances et l’Iran censé forcer Téhéran à ne pas se doter de l’arme nucléaire.

Guerre commerciale avec la Chine, exigences d’une hausse des dépenses des alliés au budget de l’Otan, renégociation de l’accord de libre-échange Aléna avec le Mexique et le Canada: Donald Trump n’a pas tergiversé.

Mais sa tentative de charme avec le leader nord-coréen Kim Jong Un n’a, jusqu’à présent, pas abouti à la dénucléarisation de Pyongyang.

Prenant le contrepied de décennies de statu quo dans la diplomatie internationale, Donald Trump a reconnu Jérusalem comme capitale d’Israël et y a transféré, depuis Tel Aviv, l’ambassade américaine.

Les ratés

. Santé

Trump n’a pas transformé l’essai de l’une de ses principales promesses: abroger Obamacare, réforme santé emblématique de son prédécesseur démocrate.

Cette loi, qui a permis à des millions d’Américains de souscrire une assurance santé, est vue en horreur par les conservateurs mais elle est en général plutôt populaire.

Et les républicains n’ont pas proposé d’alternative crédible.

. Immigration

Eriger un « grand et beau mur » à la frontière avec le Mexique pour lutter contre l’immigration clandestine et faire payer la construction à Mexico, c’était une autre promesse phare. Mais ce mur n’est pas sur pied et Mexico n’a rien déboursé.

Le bras de fer entre Donald Trump et le Congrès sur le financement pour achever cette infrastructure a même provoqué 35 jours de fermeture partielle de l’administration fédérale au tournant de 2018-2019, un record.

M. Trump a finalement décrété l' »urgence nationale » pour débloquer des fonds fédéraux. Mais un juge a bloqué temporairement cette mesure.

Il a aussi récemment menacé le Mexique d’instaurer des taxes douanières, pour le forcer à freiner l’arrivée d’immigrants d’Amérique centrale à la frontière américaine.

. Elections de mi-mandat

Son nom ne figurait pas sur les bulletins aux élections de mi-mandat en novembre 2018, mais Donald Trump en a fait un référendum sur sa personne en faisant campagne. Et il a, en somme, perdu.

Si les républicains ont consolidé leur maigre avance au Sénat, le Grand Old Party a perdu la majorité à la Chambre des représentants. Ce qui permet aux parlementaires démocrates de lancer de nombreuses enquêtes le concernant.

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