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Trump le showman accusé de s’approprier la fête nationale du 4 juillet

Des chars d’assaut seront exposés jeudi dans le centre de Washington et des avions de combat rugiront dans le ciel: Donald Trump bouleverse l’ordonnancement de la fête nationale américaine, mais se retrouve accusé d’organiser un événement coûteux à visée électorale.

Lui-même apparaîtra au centre des célébrations, avec un discours sur les marches du Lincoln Memorial. Depuis ce monument à la gloire d’Abraham Lincoln, 16e président et défenseur de l’unité du pays pendant la guerre civile, Donald Trump entend prononcer un « hommage à l’Amérique ». Mais l’intervention d’un président qui divise autant le pays lors d’une journée traditionnellement apolitique suscite la controverse.

C’est aussi dans ces lieux qu’en 1963 Martin Luther King prononça son discours historique « I have a dream » en faveur de l’égalité pour les Noirs. Le budget de l’événement est également dénoncé par l’opposition démocrate. « Quel gâchis d’argent!  » s’est exclamé le candidat à la Maison Blanche Julian Castro, interviewé sur CBS, en dénonçant une parade « fondamentalement centrée » sur le président pour lui « booster l’égo ». Mais le coût sera mineur vu l’enjeu, a assuré mercredi l’occupant de la Maison Blanche. « Ce sont nos avions, nous avons les pilotes, l’aéroport est juste à côté, on a juste besoin de carburant. Les chars et tout le reste sont à nous », a-t-il tweeté. Habituellement, note l’expert des médias Richard Hanley, le 4-Juillet est une journée de trêve « que les gens mettent à profit pour oublier leurs différences et brandir le drapeau sans entrer dans les discussions politiques ».

Le 4-Juillet marque le Jour de l’indépendance, Independence Day, lorsqu’en 1776 treize colonies britanniques proclamèrent leur séparation de la couronne britannique et fondèrent les Etats-Unis d’Amérique. Mais cette année, Donald Trump a décidé d’apparaître à 18h30 (22h30 GMT) sur les marches du Lincoln Memorial, à l’extrémité du National Mall, l’immense esplanade de la capitale où se dressent bâtiments officiels, musées et monuments. En pleine campagne électorale, l’initiative de Donald Trump, qui vient officiellement d’annoncer sa candidature à un nouveau mandat, fait grincer des dents. Plusieurs élus démocrates du Congrès l’ont mis en garde contre la tentation d’un « meeting de campagne partisan et télévisé sur le Mall ».

Car la tradition du 4-Juillet américain est très différente de celle du 14-Juillet français, dans lequel le milliardaire républicain a puisé son inspiration. A Washington, des groupes de musique jouent pour l’Independence Day, des fanfares défilent et on tire un grand feu d’artifices. La journée est très patriotique, mais sans véritable dimension militaire. De fait, l’arrivée dans la capitale fédérale de plusieurs chars, par rail et camions-plateau, a suscité un certain émoi chez des habitants peu habitués à voir des blindés à Washington. Invité par son homologue français il y a deux ans pour le défilé militaire du 14-Juillet sur les Champs Elysées, Donald Trump avait été impressionné par son déroulement coloré, solennel et minutieusement réglé. « Il va falloir que nous fassions mieux », s’était-il exclamé.

L’idée initiale avait été d’organiser la parade militaire américaine pour le Veterans Day, en novembre, mais un coût de 100 millions de dollars l’avait fait reculer. Et les célébrations de jeudi ne devraient pas avoir le même niveau d’ambition. Donald Trump a insisté cette semaine sur sa capacité à rassembler les Américains, en dépit de l’immense polarisation créée par son élection en 2016. « Je le crois, je pense que mon message passe auprès de la plupart des Américains », a-t-il dit. Ce 4-Juillet « va être très différent, il va être spécial », a-t-il ajouté. « Ce sera le spectacle d’une vie », a-t-il insisté mercredi sur Twitter. Air Force One, le Boeing 747 modifié que les présidents américains utilisent pour leurs déplacements officiels, devrait survoler Washington, tout comme plusieurs avions de guerre F-35, les plus modernes au monde. Les Blue Angels, une patrouille d’acrobaties aériennes, effectuera une démonstration.

Enfin, un nouvel exemplaire de Marine One, l’hélicoptère présidentiel, devrait prendre les airs. Mais les opposants à Donald Trump seront aussi de la partie. L’organisation de gauche Code Pink déploiera –au sol– le « Baby Trump », immense personnage gonflable représentant un bébé colérique à l’effigie du président américain. Il est désormais de beaucoup des manifestations anti-Trump à travers le monde. Deux organisations d’anciens combattants prévoient aussi d’arborer et de distribuer des t-shirts honorant John McCain, feu le sénateur républicain et héros de la guerre du Vietnam, qui était aussi l’un des principaux ennemis du président sur la scène politique américaine.

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