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Trafic de migrants en Thaïlande et la dangereuse recherche de la vérité

Le Vif

Un haut responsable de la police thaïlandaise, en charge de l’enquête sur un important trafic de migrants impliquant des responsables de haut rang, a annoncé jeudi avoir demandé l’asile politique à l’Australie, disant craindre pour sa vie dans son pays.

Vivre en Thaïlande « aujourd’hui est devenu dangereux. Personne ne peut me protéger maintenant », a expliqué à l’AFP Paween Pongsirin dans un message envoyé depuis l’étranger. Aucune confirmation n’a pu être obtenue dans un premier temps auprès des autorités australiennes de sa demande d’asile, mais il est déjà en Australie selon des médias locaux. L’ampleur des filières de migrants en Thaïlande, dénoncées depuis des années par les ONG, était parvenue sur le devant de la scène en mai, avec la découverte de fosses communes dans des camps de transit en pleine jungle, dans le sud du pays. Paween Pongsirin avait été nommé responsable de l’enquête, qui s’était orientée vers une implication de responsables militaires et policiers. Mais l’enquête avait été déclarée close dès octobre, au grand dam du policier.

Dans une interview à l’AFP en novembre, quelques jours avant sa démission suite à la dissolution de son équipe d’enquêteurs, il disait regretter que son enquête ait été close trop rapidement, laissant de nombreux suspects toujours en liberté. Visiblement éprouvé et inquiet lors de cet interview réalisé à Bangkok, Paween Pongsirin se disait déjà menacé. La junte militaire thaïlandaise, soucieuse de débarrasser le pays de sa réputation de plaque tournante du trafic d’êtres humains, avait affiché sa résolution de désorganiser les filières. Cela avait conduit en mai les passeurs à abandonner en mer des milliers de migrants de Birmanie ou du Bangladesh, fuyant la misère. Mais malgré l’ouverture d’un procès à Bangkok en novembre, avec sur le banc des accusés un haut gradé de l’armée, le général Manas Kongpan, organisateur du trafic, l’ampleur du réseau n’a pas été révélée, selon Paween Pongsirin. Depuis des années, les ONG accusent la police et l’armée de fermer les yeux, voire d’être complices des trafiquants. Dans son dernier classement TIP (Trafficking in Persons), Washington déplore que la Thaïlande ne combatte pas suffisamment ce problème, malgré ses grandes déclarations.

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