Theresa May © REUTERS

Theresa May: un an au pouvoir, le Brexit plus nébuleux que jamais

Le Vif

Son arrivée au pouvoir semblait une accalmie dans la tempête déclenchée par le vote pour le Brexit: un an plus tard, Theresa May est une Première ministre en sursis et les contours du Brexit sont de plus en plus flous.

A tel point qu’elle en appelle maintenant à l’opposition pour « relever les défis auxquels fait face le pays », tentant de présenter ce signe de faiblesse comme une façon « adulte » de faire de la politique, selon son numéro deux Damian Green, après son échec aux législatives du 8 juin où son parti conservateur a perdu la majorité absolue au Parlement.

Mme May, austère fille de pasteur de 60 ans, avait avancé le calendrier de ces élections, comptant en sortir renforcée pour aller négocier la sortie de l’Union européenne. Elue à la tête de son parti le 11 juillet 2016, puis du gouvernement le 13 juillet, dans le chamboulement et les luttes assassines entre Brexiters qui ont suivi le référendum du 23 juin sur le Brexit, elle apparaissait comme la personne sensée et « la paire de mains sûre » qui allait mener le pays à bon port.

Mais les électeurs ont mis un coup d’arrêt à la ligne dure qu’elle avait adoptée et depuis, elle a perdu son autorité, relève une source diplomatique européenne.

Theresa May prônait une sortie du marché unique européen et la reprise du contrôle des frontières pour limiter l’immigration venant des pays de l’UE. Mais son parti conservateur et son gouvernement même sont toujours divisés sur la question, un clivage historique entre europhiles et europhobes au sein des Tories qui n’est pas près de disparaitre.

Le Brexit aura-t-il lieu?

Son ministre des Finances Philip Hammond se fait l’avocat des milieux économiques et d’affaires qui dans leur immense majorité ne veulent pas du Brexit et ne croient pas à l’avenir radieux du libre-échange hors UE promis par Mme May.

Que ce soit le Japon, l’Australie ou les Etats-Unis, les accord commerciaux privilégiés que compte conclure Mme May semblent bien élusifs. Le Premier ministre australien Malcolm Turnbull relevait lundi encore à Londres qu’un accord de libre-échange avec l’UE aurait la préséance sur un accord avec le Royaume-Uni. Le Japon vient lui de signer avec l’UE. Et les Américains ont fait comprendre qu’ils ne se précipiteraient pas pour obliger Mme May.

Son ministre du Brexit, David Davis, un europhobe militant, a fini lui aussi par réaliser l’étendue des conséquences de la rupture avec l’UE et par adoucir son discours.

Et pas un jour ne se passe sans qu’intervienne une nouvelle concession : la Cour européenne de Justice continuerait ainsi à avoir compétence « pendant une période transitoire » au lieu que les ponts soient coupés à la fin des négociations en mars 2019, a lâché Damian Green lundi sur la BBC.

Tout le monde semble à présent d’accord –ou avoir finalement réalisé– que la sortie de l’UE sera suivie par une période de transition, le temps de conclure un accord de libre-échange et un nouvel accord douanier avec Bruxelles. Et s’habitue à l’idée que cette période de transition durera plusieurs années. Mais le résultat final est toujours aussi flou.

Pour Theresa May, cela doit être un accord « audacieux et ambitieux ». Pour l’UE, pas question que le Royaume-Uni puisse piocher ce qui l’arrange uniquement. « Il ne peut pas y avoir de participation au marché unique secteur par secteur », répète le négociateur Michel Barnier.

A tel point que certains au Royaume-Uni rêvent à voix haute que le Brexit n’aura pas lieu, à l’instar de Vince Cable, prochain chef du parti europhile libéral-démocrate. « Je commence à penser que le Brexit pourrait ne jamais se produire », a-t-il dit sur la BBC dimanche, devant l’énormité de la tâche et des problèmes soulevés.

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