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« Théorie du genre »: le gouvernement français regrette la parole « infondée » du pape

Le gouvernement français a regretté lundi la parole « infondée » du pape François, qui a accusé les manuels scolaires de propager la « théorie du genre », jugeant le pontife victime d’une campagne de désinformation des intégristes catholiques.

« Je conseille au pape lors de l’un de ses prochains déplacements en France de venir à la rencontre d’enseignants de l’école française », « de feuilleter lui-même ces manuels scolaires (…) et de m’expliquer en quoi il y aurait une théorie du genre, qui n’existe pas par ailleurs, dans ces livres », a déclaré la ministre de l’Education Najat Vallaud-Belkacem.

« Je vois qu’il aura été lui aussi victime de la campagne de désinformation massive conduite par les intégristes », a-t-elle affirmé sur la radio France Inter. « Sur des sujets aussi sérieux que cela on a donc aujourd’hui des intégristes capables d’embarquer y compris le pape dans leur folie mensongère? Moi ça me met très en colère (…) », a-t-elle insisté.

La « théorie du genre » est l’expression utilisée par une frange conservatrice de la société qui s’inquiète des études et enseignements ouvrant à une perception nuancée des différences entre les sexes.

Selon la ministre, dans les programmes français, « on parle de la nécessité de ne pas hiérarchiser entre un sexe et un autre, de lutter contre les violences faites aux femmes, de lutter contre le sexisme, de lutte contre le harcèlement sexiste (…) ».

S’exprimant dimanche devant les journalistes, le pontife argentin a raconté une anecdote rapportée par un Français. Selon le pape, ce père de famille catholique a raconté comment son fils de dix ans, interrogé pendant un repas de famille ce qu’il voulait faire plus tard, lui avait répondu: « Etre une fille ».

« Le père s’est alors rendu compte que dans les livres des collèges, la +théorie du genre+ continuait à être enseignée, alors que c’est contre les choses naturelles », a déclaré le pape.

Pour le chef de l’Eglise catholique, « avoir des tendances homosexuelles ou changer de sexe est une chose », mais « faire un enseignement dans les écoles sur cette ligne » en est une autre. Il s’agit là d’une volonté de « changer les mentalités », d’une « colonisation idéologique », a-t-il estimé.

La polémique sur une prétendue « théorie du genre » enseignée à l’école française avait été virulente en 2014 en France, portée par des mouvements conservateurs proches des opposants au mariage homosexuel et parfois de l’extrême droite.

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