Cecilia Malmström. © Reuters

Taxes américaines: l’UE n’obtient pas satisfaction

Le Vif

L’Union européenne n’a pas obtenu samedi satisfaction sur sa demande d’être exemptée des droits de douane imposés par Donald Trump sur l’acier et l’aluminium, après avoir mis en garde Washington contre le risque d’une guerre commerciale.

Les Européens ont signifié leur déception samedi au représentant au Commerce américain Robert Lighthizer, présent à Bruxelles pour une réunion prévue de longue date avec la commissaire au Commerce Cecilia Malmström et le ministre japonais de l’Economie Hiroshige Seko. Le Japon, comme l’Union européenne, exige d’être exempté des taxes américaines.

« La discussion a été franche » mais « nous n’avons pas obtenu de clarté immédiate sur la procédure pour être exemptés et les discussions vont se poursuivre la semaine prochaine », a annoncé Mme Malmström dans un message sur son compte Twitter, à l’issue de la rencontre qui a duré environ quatre heures.

« Nous sommes un allié proche et un partenaire commercial des Etats-Unis. A ce titre, l’Union européenne doit être exclue des mesures annoncées » par le président Trump, a encore répété Mme Malmström.

Les entretiens ont par ailleurs porté sur la coopération entre les trois partenaires pour lutter contre les pratiques de dumping et les problèmes posés par les surcapacités dans le secteurs de la sidérurgie. Les Européens ont fait état de bons résultats sur cette partie de la rencontre et espèrent que leurs efforts seront pris en compte par Donald Trump.

Les Européens et les Japonais n’attendaient pas de décision samedi mais ils ont souhaité mettre la pression sur les Américains.

Le président français Emmanuel Macron avait mis en garde vendredi soir son homologue américain contre les conséquences de sa décision.

« De telles mesures visant des pays alliés, qui respectent les règles du commerce mondial, ne seraient pas efficaces pour lutter (contre) les pratiques déloyales », a-t-il affirmé. « L’Europe répondra de manière claire et proportionnée » à « toute pratique infondée et contraire aux règles du commerce mondial », a-t-il averti.

« Il ne s’agit pas d’une négociation commerciale. Ce dont nous parlons, c’est d’une action unilatérale contre les règles internationales. Nous voulons solder cela avant que ça ne devienne réellement un problème », a pour sa part commenté vendredi à Bruxelles le vice-président de la Commission Jyrki Katainen.

Contre-mesures européennes

L’UE a préparé des contre-mesures si Donald Trump persiste dans son intention de sanctionner ses sidérurgistes.

La plus immédiate, applicable en trois mois, consisterait à taxer lourdement, en guise de rétorsion, certains produits américains emblématiques, comme les jeans, les motos de grosse cylindrée et le beurre de cacahuète, dont Bruxelles a établi une liste.

L’UE envisage également de mettre en oeuvre des mesures dites « de sauvegarde » pour protéger son industrie des importations étrangères d’acier et d’aluminium.

Elle prévoit, enfin, de déposer, le cas échéant, une plainte devant l’Organisation mondiale du commerce (OMC), estimant que les mesures prises par les Etats-Unis, sous couvert de protéger la sécurité nationale, ne servent qu’à avantager leurs entreprises.

L’Europe a exporté en 2017 vers les Etats-Unis pour 5,3 milliards d’euros d’acier et pour 1,1 milliard d’euros d’aluminium. Les Européens restent pour l’instant unis, mais la Commission européenne redoute les initiatives américaines pour les diviser.

« Nous ne pourrons pas accepter que l’UE soit divisée par l’administration américaine », a averti Jyrki Katainen, très explicite à l’adresse des Britanniques, en train de négocier leur départ de l’UE. Il a rappelé que « le Royaume Uni est toujours membre de l’Union européenne et que cela lui impose des obligations ».

Les alliés et les rivaux des Etats-Unis ont dénoncé depuis jeudi le net virage protectionniste américain et une attaque contre le libre-échange.

L’Allemagne, un des plus grands pays exportateurs du monde, directement montrée du doigt par Donald Trump, a été particulièrement virulente, dénonçant un « affront » envers les alliés de Washington.

Pour le ministère chinois du Commerce, il s’agit d’un « abus ». Et le chef de la diplomatie, Wang Yi, a promis une « réponse appropriée » en cas de guerre commerciale avec Washington.

La Chine, de loin le premier producteur mondial d’acier, est régulièrement accusée d’être à l’origine de la surcapacité dans le secteur, en raison de ses subventions massives.

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