Barack Obama © REUTERS

Syrie: Obama rejette les critiques… et avoue une forme d’impuissance

Le Vif

A quatre mois de son départ, Barack Obama affirme être hanté par le chaos syrien mais rejette une nouvelle fois les nombreuses critiques dont il fait l’objet, jugeant qu’il ne disposait d’aucune solution satisfaisante et avouant une forme d’impuissance.

« La situation en Syrie me hante en permanence », confie le président américain dans un entretien publié par Vanity Fair jeudi, au moment où le pays, ravagé par une guerre qui a fait plus de 300.000 morts, replonge dans le chaos.

La courte trêve, initiée par Moscou et Washington, a volé en éclats cette semaine avec une reprise des combats sur tous les fronts, les deux puissances se renvoyant, dans l’enceinte des Nations unies, la responsabilité de l’échec.

« Savoir que des centaines de milliers de personnes sont mortes, des millions ont été déplacées; tout cela me pousse à m’interroger sur ce que j’aurais pu faire différemment au cours des cinq ou six années écoulées », explique M. Obama qui quittera le pouvoir en janvier.

Mais, à l’heure où les historiens se penchent sur son bilan, le président américain repousse aussitôt les critiques qui lui sont adressées sur ce dossier.

A ceux, nombreux, qui lui reprochent d’avoir trop tergiversé, de ne pas avoir envoyé de signal fort face à la répression menée par le président Bachar al-Assad, un homme qu’il a traité de « tyran », M. Obama répond que les solutions avancées n’auraient pas fait une véritable différence.

« Les arguments classiques sur ce qui aurait pu être fait sont faux », assène-t-il.

Il exprime ainsi son « scepticisme » face à l’idée selon laquelle fournir plus d’armes aux rebelles modérés aurait favorisé le renversement d’Assad ou que lancer des frappes aériennes contre le régime lorsque l’utilisation d’armes chimiques a été établie aurait eu un impact « décisif ».

Qu’auraient fait Churchill ou Eisenhower ?

Le 18 août 2011, après cinq mois de répression par Damas d’un mouvement de contestation sans précédent, le président américain estimait que, « dans l’intérêt du peuple syrien », le temps était venu pour Bachar al-Assad « de se retirer ».

Deux ans plus tard, il annonçait que les Etats-Unis étaient prêts à frapper des cibles du régime syrien après une attaque à l’arme chimique – ligne rouge qu’il avait lui-même fixée – qui avait fait plus de 1.400 morts selon le renseignement américain.

Mais, à la surprise générale, il faisait aussi part de sa décision de soumettre cette décision à un vote du Congrès, écartant de facto une action militaire à court terme. Le vote, qui s’annonçait extrêmement difficile, n’eut finalement pas lieu, les frappes ayant été abandonnées après une proposition russe de destruction des armes chimiques syriennes.

« D’habitude, je suis plutôt bon pour examiner différentes options et prendre les décisions qui sont, à mon sens, les meilleures du moment en fonction des informations dont je dispose », explique le président américain dans son entretien à Vanity Fair. « Mais il y a des moments où j’aurais aimé avoir pu imaginer d’autres solutions », ajoute-t-il.

« Je me demande régulièrement: y avait-il une initiative à laquelle nous n’avons pas pensé? Y avait-il une voie, au-delà de celles qui m’ont été présentées, que Churchill ou Eisenhower auraient imaginée ? ».

La guerre en Syrie, qui a provoqué la pire tragédie humanitaire depuis la Seconde Guerre mondiale « jette la honte sur nous », a tonné le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon en ouvrant une session de crise du Conseil de sécurité.

Le président américain, qui a passé trois à jours à New York, s’est emparé de la question des réfugiés mais est resté très discret sur le conflit lui-même, et les moyens d’en sortir, laissant son secrétaire d’Etat John Kerry monter en première ligne.

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