Alep. © Reuters

Syrie: les Etats-Unis réclament une enquête pour « crimes de guerre » à Alep

Le Vif

Le secrétaire d’Etat américain John Kerry a réclamé vendredi une enquête pour « crimes de guerre » visant le régime syrien et son allié russe après une nouvelle frappe contre un hôpital à Alep.

« La nuit dernière, le régime a encore attaqué un hôpital et 20 personnes ont été tuées et 100 blessées. La Russie et le régime doivent au monde plus qu’une explication sur les raisons pour lesquelles ils ne cessent de frapper des hôpitaux, des infrastructures médicales, des enfants et des femmes », a tonné M. Kerry, demandant devant la presse, aux côtés de son homologue français Jean-Marc Ayrault, « une enquête adéquate (pour) crimes de guerre ».

« Ceux qui commettent ces (actes) devront être tenus pour responsables de leurs actions. Cela va bien au delà de l’accident. C’est une stratégie ciblée pour terroriser les civils et quiconque se dresse sur le chemin de leurs objectifs militaires », a protesté le chef de la diplomatie américaine qui a haussé le ton ces derniers jours, depuis la rupture officielle du dialogue américano-russe sur la Syrie.

Le ministre français des Affaires étrangères est à Washington, après une étape jeudi à Moscou, pour discuter d’un projet de résolution au Conseil de sécurité de l’ONU, sur lequel la Russie s’est déclarée « prête à travailler » en posant toutefois des conditions.

Ce texte préparé par Paris et qui pourrait être soumis au vote samedi prévoit un cessez-le-feu à Alep pour permettre un accès humanitaire à la population assiégée.

La Russie menace de mettre son veto au projet de résolution français sur Alep

La Russie a menacé vendredi d’utiliser son droit de veto pour bloquer le projet de résolution à l’ONU préparé par la France, prévoyant un cessez-le-feu dans la ville syrienne d’Alep et l’interdiction de son survol par tous les avions militaires.

« Je ne vois tout simplement pas comment nous pourrions laisser cette résolution passer », a déclaré à la presse Vitali Tchourkine, ambassadeur de Russie à l’ONU, interrogé sur l’éventuel usage par Moscou de son droit de veto.

A l’issue d’une réunion à huis clos du Conseil de sécurité sur la situation en Syrie, M. Tchourkine a estimé que la proposition française avait été « confectionnée à la hâte », ajoutant: « Je pense que ce n’est pas conçu pour faire des progrès, mais pour entraîner un veto russe » lors du vote prévu samedi.

Les membres du Conseil négocient depuis une semaine un projet de résolution destinée à mettre un terme à l’intense bombardement de la ville assiégée d’Alep, à permettre l’acheminement d’assistance humanitaire et à arrêter tous les survols militaires de la ville.

L’ambassadeur de France François Delattre a indiqué de son côté qu’il existait un « soutien très fort » pour la résolution parmi les quinze membres du Conseil et qu' »il n’y a pas de temps à perdre » au sujet de la catastrophe en cours à Alep.

Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault a souligné que le vote samedi serait un « moment de vérité pour tous les membres du Conseil de sécurité », à la suite d’un entretien avec le secrétaire d’Etat John Kerry à Washington.

Ancienne capitale économique de Syrie, Alep est divisée depuis 2012 entre pro-régimes à l’ouest et insurgés à l’est. La ville est devenue un front crucial du conflit qui déchire la Syrie et a fait plus de 300.000 morts depuis son déclenchement en 2011.

Le régime de Bachar al-Assad et son allié russe mènent depuis deux semaines une offensive de grande envergure sur les quartiers rebelles d’Alep, avec des bombardements d’une extrême violence.

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