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Syrie: Homs sous les bombardements

Le bastion de la révolte contre le régime d’El-Assad est sous le feu depuis cinq jours. Une violence qui semble encore prendre de l’ampleur puisque es forces syriennes ne cessent de bombarder la ville depuis l’aube.

Déjà attaquée depuis cinq jours, la ville syrienne rebelle de Homs subit depuis ce mardi matin un violent bombardement par les forces du régime de Bachar al-Assad, visant notamment le quartier de Baba Amr, d’après plusieurs militants.

« Le bombardement de Baba Amr qui a commencé à l’aube est le plus violent depuis cinq jours. En moyenne, deux roquettes tombent chaque minute », a affirmé Rami Abdel Rahmane, chef de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme. Un autre militant, Hadi Abdallah, a également affirmé que le « bombardement était d’une violence extrême, plus que les autres jours ».

Le régime syrien avait déjà bombardé Homs lundi, ignorant l’appel de la Ligue arabe à une force de paix commune avec l’ONU, une idée qui divise les Européens et à laquelle la Russie, alliée de Damas, pose des conditions.

Le secrétaire général de Ligue arabe Nabil al-Arabi doit rencontrer ce mardi en Allemagne la chancelière Angela Merkel. D’après les analystes, la proposition arabe est promise à l’échec. « Je crains qu’il ne soit très difficile de trouver des États membres prêts à envoyer des troupes », a affirmé Salman Shaikh, directeur du centre Brookings de Doha.

La communauté internationale divisée

De leur côté, les Nations unies ont affirmé que les forces syriennes avaient « vraisemblablement » commis des crimes contre l’humanité en réprimant depuis onze mois la contestation populaire hostile au régime, au prix de plus de 6000 morts, selon des militants.
Des crimes contre l’humanité ont vraisemblablement été commis
La Haut commissaire de l’ONU aux droits de l’homme Navi Pillay a déclaré que « la nature et l’étendue des exactions perpétrées par les forces syriennes indiquent que des crimes contre l’humanité ont vraisemblablement été commis » depuis mars 2011.
Déjà profondément divisée sur la crise syrienne, la communauté internationale semble l’être encore plus sur la proposition d’une force de paix avancée par la Ligue arabe: Paris a mis en garde contre toute action « à caractère militaire », Moscou exigé un cessez-le-feu et Washington souligné qu’en l’absence de paix, une telle initiative était compliquée.

Lors d’un entretien téléphonique lundi, le président américain Barack Obama et le Premier ministre britannique David Cameron ont renouvelé leur condamnation de la violente répression menée par le régime syrien à l’encontre de son propre peuple. « Ils sont tombés d’accord sur la nécessité de se coordonner étroitement pour accroître la pression sur le régime de Bachar al-Assad et pour soutenir une transition vers la démocratie », selon le communiqué de la Maison Blanche.

La secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton, qui a jugé « déplorable que le régime ait intensifié la violence […] en utilisant l’artillerie et des tirs de blindés », a assuré que les Etats-Unis travaillaient pour « répondre aux problèmes humanitaires » et aider « ceux qui sont blessés et qui meurent ».

Crise humanitaire sur place

Sourd aux appels à cesser la répression, le régime syrien a poursuivi lundi le pilonnage de Homs, désormais touchée par une crise humanitaire, les militants dénonçant une pénurie de pain.
Le Croissant Rouge syrien a affirmé distribuer de l’aide médicale et alimentaire à des milliers de personnes dans la « capitale de la révolution », où, selon un décompte de l’ONU, plus de 300 personnes ont péri depuis le 4 février dans une « attaque sans discernement contre des zones civiles ».

Sur le terrain, les violences se poursuivaient avec des affrontements entre soldats et déserteurs qui ont fait 11 morts dans les rangs de l’armée régulière. Mais les tirs des forces de l’ordre, qui ont encore tué lundi 18 civils à travers le pays, dont deux adolescents, ne décourageaient pas les manifestants. « La révolution continue tant qu’il y a un nourrisson vivant parmi nous », pouvait-on lire sur une pancarte lors d’une manifestation dans la province de Deraa (sud), berceau de la contestation, d’après une vidéo diffusée par les militants.

Arabes et Occidentaux doivent lancer cette semaine une nouvelle tentative pour faire condamner Damas, cette fois à l’Assemblée générale de l’ONU -organe consultatif où le veto n’existe pas. Moscou et Pékin devraient une fois encore s’opposer à ce projet, préparé par l’Arabie saoudite et le Qatar, très similaire au texte bloqué par leur double veto le 4 février.

Autre étape au calendrier: la « Conférence des amis de la Syrie », que Tunis s’est proposé d’organiser le 24 février et qui a reçu lundi un soutien appuyé de Mme Clinton et de son homologue turc Ahmet Davutoglu en visite à Washington.

LeVif.be avec L’Express

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