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Syrie : combats « sans précédent » à Alep

Des combats d’une ampleur sans précédent entre soldats et rebelles ont secoué Alep vendredi pendant plusieurs heures, les Etats-Unis annonçant une nouvelle aide humanitaire et à l’opposition civile en Syrie.

Face à la gravité des crimes de guerre et contre l’humanité recensés dans ce conflit en vue de futures poursuites, la commission d’enquête de l’ONU sur la Syrie a accueilli en son sein la magistrate Carla Del Ponte, déjà chasseuse de criminels de guerre au Rwanda et en ex-Yougoslavie.

Le secrétaire américain à la Défense, Leon Panetta, a signalé que le gouvernement syrien avait déplacé des armes chimiques pour les sécuriser face aux assauts des rebelles. « Nous pensons encore, sur la base de ce que savons, que les principaux sites restent sécurisés », a-t-il ajouté.

Alors que les forces du régime et les rebelles se disputent depuis plus de deux mois le contrôle d’Alep, la grande métropole du nord, les combats y ont fait rage pendant près de 24 heures avant de baisser en intensité vendredi après-midi, selon des habitants et des journalistes. Les échanges de tirs aux obus de mortier et de chars, d’une ampleur sans précédent, avaient éclaté après l’annonce jeudi par des commandants rebelles du lancement d’une bataille qualifiée de décisive pour le contrôle de la ville.

Mais vendredi soir, les accrochages étaient ponctuels et avaient lieu dans des secteurs limités, en particulier dans la vieille ville. Une source militaire syrienne a déclaré que plusieurs attaques rebelles avaient été repoussées, tandis que les rebelles ont affirmé avoir progressé mais sans effectuer de percée significative.

Cependant, « le régime n’est pas capable de vaincre, ni les rebelles de contrôler la totalité des quartiers », a estimé le directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane, évoquant des combats « sans précédent » depuis le début de la révolte en mars 2011.

Malgré les violences, des milliers de Syriens ont manifesté comme chaque vendredi contre le régime de Bachar al-Assad à travers le pays. Près de la vieille ville d’Alep, une vingtaine de personnes, essentiellement des adolescents, ont manifesté après la grande prière musulmane, brandissaient des drapeaux de la révolution.

Au moins 65 personnes — 35 civils, 17 soldats et 13 rebelles– ont péri vendredi dans les violences, selon un bilan provisoire de l’OSDH.

A New York, lors d’une rencontre du groupe des Amis de la Syrie en marge de l’Assemblée générale de l’ONU, la secrétaire d’Etat Hillary Clinton a annoncé une nouvelle aide humanitaire de 30 millions de dollars et un nouveau soutien à l’opposition civile syrienne d’un montant de 15 millions de dollars. Elle a en outre averti que l’Iran ferait tout pour protéger son « acolyte ». « L’Iran est la plus importante planche de salut du régime » de Damas, a-t-elle insisté.

Neuf opposants syriens au régime ont assisté à la réunion, dont certains venus de Syrie pour expliquer aux membres du groupe leurs besoins sur le terrain. Le but de cette réunion, selon des diplomates américains, était d’aider la rébellion à « se protéger et se défendre ». Toutefois, Washington exclut de fournir des armes.

Et à Genève, la magistrate Carla Del Ponte et Vivit Muntarbhorn, ex-rapporteur spécial de l’ONU sur l’exploitation sexuelle des enfants, ont rejoint la commission d’enquête de l’ONU sur la Syrie, dont le mandat a été prolongé à mars 2013.

Cette commission travaille dans les pays voisins de la Syrie –Damas lui refusant un accès sur son territoire– pour rassembler témoignages et preuves sur des crimes contre l’humanité commis dans le conflit.

Levif.be, avec Belga

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