Sarmine © AFP

Syrie: au moins neuf civils tués dans des raids aériens sur le nord-ouest

Le Vif

Au moins neuf civils, dont des enfants, ont été tués dimanche dans des frappes aériennes imputées au régime ou à son allié russe sur le nord-ouest de la Syrie, dernière grande région dominée par des jihadistes et des rebelles.

Parmi les victimes figurent « sept membres d’une même famille » tués « dans des raids aériens » sur le village de Sarmine, dans la province d’Idleb, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

Appuyé par Moscou, le pouvoir de Bachar al-Assad s’est toujours dit déterminé à reconquérir l’ensemble du pays en guerre depuis 2011. Ces dernières semaines, à la faveur de bombardements meurtriers et de combats au sol, il a grignoté des pans de territoires à Idleb, ultime grand bastion tenu par des jihadistes et des rebelles.

Dimanche dans le village de Sarmine, un correspondant de l’AFP a pu voir des secouristes chercher les corps parmi les ruines d’une maison de deux étages, qui n’est plus qu’un tas de pierres.

Les dépouilles de deux enfants, une fille de neuf ans et un adolescent de 13 ans, ont été extirpées des décombres, sous les yeux de leur père Abou Fidaa, en pleurs.

La famille a récemment fui le village en raison des violences, mais elle y était brièvement revenue pour récupérer quelques affaires, a raconté Abou Fidaa, qui a également perdu son épouse.

« Je voulais qu’ils repartent ce matin, mais ma femme m’a dit de me concentrer sur mon travail », se souvient ce commerçant qui vend du matériel de construction.

Aidés par une pelleteuse qui déblaie les décombres, les secouristes poursuivaient les recherches pour retrouver les autres victimes, selon le correspondant de l’AFP.

Blindés turcs

L’Observatoire n’était pas en mesure de dire si les frappes sur Sarmine ont été menées par l’aviation du régime ou de son allié russe.

Par ailleurs, un enfant a été tué dans des raids du régime aux abords de la localité de Binnich, dans la province d’Idleb, et une femme a péri dans les raids russes sur la localité d’Atareb, dans l’ouest de la province d’Alep, selon l’Observatoire.

L’OSDH détermine les auteurs des raids à partir du type d’avion utilisé, du lieu de la frappe, des plans de vol et des munitions utilisées.

Plus de la moitié de la province d’Idleb, mais aussi des territoires adjacents dans les régions d’Alep, Hama et Lattaquié, sont dominés par les jihadistes de Hayat Tahrir al-Cham, l’ex-branche syrienne d’Al-Qaïda.

Cette zone de trois millions d’habitants abrite d’autres groupuscules jihadistes mais aussi des factions rebelles affaiblies.

Avec le regain de violence, plus de 388.000 personnes ont été déplacées depuis début décembre, selon l’ONU.

Les forces gouvernementales poursuivent les combats contre les jihadistes et les rebelles sur plusieurs fronts. Depuis samedi, plus de 150 combattants, dont 75 des forces prorégime, ont été tués dans les affrontements, selon l’OSDH.

La Turquie voisine, qui soutient certains rebelles et a des troupes stationnées dans le nord-ouest syrien, voit d’un mauvais oeil la progression du régime.

Dimanche, des renforts et des blindés dépêchés par Ankara sont entrés en Syrie pour renforcer les positions turques, ont rapporté un correspondant de l’AFP et l’OSDH.

« D’Idleb à Berlin »

Ankara, qui accueille déjà des réfugiés syriens, craint un nouvel afflux vers sa frontière du fait de l’instabilité à Idleb.

Quelques centaines de Syriens se sont rassemblés dimanche à la frontière près de la localité de Harem, pour réclamer un droit de passage, a constaté un autre correspondant de l’AFP.

Des femmes transportant des sacs et des valises, des hommes portant les enfants en bas-âge, serrés dans leur bras ou agrippés à leur dos, ont marché jusqu’au mur en béton surmonté de fils barbelés, sous l’oeil attentif des gardes-frontières turcs.

« D’Idleb à Berlin », pouvait-on lire sur une grande bannière brandie par les manifestants. « Nos enfants ont le droit à une vie sûre », est-il écrit sur une autre.

Originaire de la localité de Hass, Mohamed, un déplacé, assure ne pas avoir de refuge pour sa famille de neuf personnes.

« Notre but c’est d’aller vivre dans un pays sûr, en Turquie ou en Europe. Ici, il n’y a plus de sécurité pour nous », déplore-t-il. « La situation est insupportable ».

Le conflit en Syrie, déclenché en mars 2011 par la répression de manifestations prodémocratie, a fait plus de 380.000 morts et des millions de déplacés et réfugiés.

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