Depuis le début du conflit, Alep est le théâtre des conflits syriens. Ici en 2012, la vieille ville en partie détruite. © REUTERS

Syrie: 7 000 ans d’Histoire balayés en trois ans de guerre

Un rapport de l’ONU atteste des dégâts de la guerre en Syrie sur des monuments classés » valeur estimable » pour l’Humanité. 300 sites ont été détruits, endommagés ou pillés.

Damas, Homs, Alep… Toutes ces villes ne sont aujourd’hui connues que pour les scènes d’horreur qui s’y sont récemment déroulées et qui s’y déroulent toujours. Il est difficile, quand on voit les images de ces régions ravagées depuis trois ans par le conflit syrien, d’imaginer qu’elles renferment des trésors du patrimoine de l’Humanité. Et pourtant, 300 sites ont été reconnus par l’UNESCO comme des sites d’une valeur estimable pour l’Humanité. Aujourd’hui, un rapport de l’Institut des Nations-Unies pour la formation et la recherche (Unitar) pointe du doigt les destructions, dommages ou pillages dont ces sites ont fait l’objet. Des faits commis à la fois par les belligérants, qu’ils soient pro-el-Assad, rebelles ou jihadistes, mais aussi par la population.

Le rapport a été élaboré grâce à un programme opérationnel pour les applications satellitaires (lUnosat). Suite aux constatations, l’Unitar déplore que « Des régions comme Alep, où les traces de peuplement remontent à 7 000 ans,(…) ont subi d’importants dégâts« . Au total, l’institut a dénombré 18 zones touchées par les combats: 24 sites détruits, 104 endommagés fortement et 84 endommagés partiellement. Les 77 sites restants ont été littéralement effacés de la carte.

« Des milliers d’années de patrimoine perdu »

Parmi les 18 zones touchées, 6 figurent au patrimoine mondial de l’UNESCO. « C’est triste pour la Syrie et pour le monde. L’Humanité est en train de perdre des milliers d’années de patrimoine » a déclaré Einar Bjorgo, directeur de l’Unosat, à l’AFP. L’Unitar ajoute qu’il faut « redoubler d’efforts pour sauver le plus possible cet important patrimoine de l’Humanité« .

Alep avant le conflit. Un patrimoine intact et somptueux.
Alep avant le conflit. Un patrimoine intact et somptueux. © Reuters

Parmi les villes les plus touchées, on retrouve bien sûr Alep. La ville était la capitale économique du pays depuis le IIe millénaire av. J.-C., successivement dominée notamment par les Hittites, les Assyriens, les Grecs, les Romains, les Omeyyades ou encore les Ottomans. Le minaret seljoukide de la Mosquée des Omeyyades datant du XIe siècle s’est effondré et le célèbre hôtel Carlton a été rasé lui aussi, remplacé par un immense cratère. Cheikmous Ali, directeur de l’Association pour la protection de l’archéologie syrienne, explique ces dégâts: « chaque fois que régime et rebelles s’emparaient de la Mosquée, ils postaient un tireur embusqué dans le minaret qui finalement a été touché par un raid. » Le souk d’Alep a également été fortement endommagé. Un monument unique, un des plus grands souks couverts dans le monde.

Autre site classé fortement détérioré: l’oasis de Palmyre, au nord-est de Damas. Il était un des plus beaux témoignages du passage des Romains par la Syrie. Célèbre pour ses colonnades, le site est aujourd’hui traversé par une route ouverte par l’armée dans la nécropole. Plusieurs tombaux ont été endommagés.

M. Ali et son association répertorient quotidiennement les dégâts depuis 2012. Il pointe du doigt les agissements de l’Etat Islamique (EI)qui ont notamment détruit un grand mausolée soufi, mais aussi des statues assyriennes du premier millénaire, le tout pour des raisons idéologiques.

A ces destructions s’ajoutent les pillages. 14 000 trous de fouilles sauvages ont été retrouvés à Apamée. D’autres scènes du genre ont également été repérées à Mari ou Doura Europos. 18 mosaïques volées ont par ailleurs été saisies au Liban.

Tous ces sites témoignent d’une Histoire syrienne extrêmement riche, fleuron de l’Humanité détruit petit à petit. A l’image du Krak des Chevaliers, un château croisé à proximité de Homs, lui aussi, envahi, bombardé et en partie détruit par le conflit.

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