Staffan de Mistura © AFP

Staffan de Mistura, l’optimiste chronique

Le Vif

L’émissaire spécial de l’ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, est un diplomate chevronné dont l’optimisme chronique, affiché dans de nombreuses crises à travers le monde, bute depuis près de trois ans sur l’écueil du conflit syrien.

Qualifié de « diplomate de tout premier plan » par l’ex-secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon, cet Italo-Suédois s’est vu confier en juillet 2014 la « mission impossible » – selon les termes mêmes de M. Ban – de trouver une solution pacifique à ce conflit qui a éclaté en mars 2011, faisant déjà plus de 310.000 morts.

Avant lui, deux envoyés spéciaux avaient jeté l’éponge face à la complexité de ce dossier: l’ancien secrétaire général de l’ONU Kofi Annan, remplacé en 2012 par l’ancien ministre algérien des Affaires étrangères, Lakhdar Brahimi.

Staffan de Mistura, âgé aujourd’hui de 70 ans, a pris son nouveau rôle à bras le corps, multipliant les voyages et les initiatives de paix, et répétant inlassablement devant les journalistes qu’une solution politique est à portée de main.

En 2016, il réussit à faire venir à Genève à trois reprises les représentants du gouvernement syrien et ceux de l’opposition, qui refusent toutefois de se parler directement. Les réunions ne donnent rien, mais il ne perd pas espoir.

Au plus fort de la bataille féroce d’Alep, où quelque 250.000 civils étaient pris au piège dans la partie est de la ville, l’émissaire propose même d’aller en personne sur place pour garantir aux rebelles un sauf-conduit s’ils acceptent de se retirer de leur bastion. Les jihadistes refusent.

‘Optimisme chronique’

Sous ses airs d’aristocrate tout droit sorti des romans d’avant-guerre, ce diplomate polyglotte, qui préfère le pince-nez à des lunettes traditionnelles, est un habitué des missions délicates.

Pendant plus de 40 ans, il a servi l’ONU dans de nombreuses régions en crise, telles que le Liban, la Somalie, le Soudan, le Rwanda et les Balkans. Plus récemment, il avait été envoyé spécial de l’ONU en Irak de 2007 à 2009, puis en Afghanistan en 2010 et 2011.

Le mot « impossible » n’a jamais fait partie de son vocabulaire.

« Je souffre d’une terrible maladie chronique », a-t-il confié en 2015 à la télévision qatarie Al-Jazeera. « Ça s’appelle l’optimisme chronique. »

Il préfère mettre en avant la « flexibilité » et la « créativité du médiateur » pour tenter d’empêcher une crise de sortir des rails.

Né en 1947 de père italien et de mère suédoise, Staffan de Mistura n’a eu qu’une brève expérience politique en Italie en 2013, au poste de vice-ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement éphémère de Mario Monti.

Divorcé et père de deux filles, il parle sept langues dont l’arabe, suffisamment bien pour corriger parfois ses traducteurs pendant des conférences de presse.

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