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Soudan du Sud: « Ça ressemble de plus en plus à une guerre civile »

La crise s’aggrave au Soudan du Sud depuis les affrontements déclenchés mi-décembre. Les organisations humanitaires sont débordées. Céline Lefebvre, chef de mission d’une équipe d’urgentistes de Handicap International sur place, décrit une situation difficile.

Une véritable « catastrophe humanitaire ». C’est le terme employé par Toby Lanzer, le chef des opérations humanitaires de l’ONU. Le 15 décembre, des affrontements éclatent au Soudan du Sud entre des forces de l’armée loyales au président Salva Kiir et celles fidèles à l’ex vice-président Riek Machar. Mais les combats touchent maintenant de plein fouet les civils.

Un conflit politique prenant des airs de conflit tribal entre les Dinka de Salva Kiir et les Nuer de Riek Machar. De nombreux témoignages dans les deux camps font état de massacres et de viols à caractère ethnique. Selon les Nations-Unies, les trois semaines de conflit ont déjà fait « plusieurs milliers de morts » et au moins 200 000 déplacés. Les organisations humanitaires tirent la sonnette d’alarme.

Des populations déplacées qui vivent dans la promiscuité

Céline Lefebvre la chef de mission d’une équipe d’urgentistes de Handicap International, est sur place depuis un peu plus d’une semaine. Elle décrit pour L’Express la situation humanitaire, entre deux interventions. « Les arrivées massives de réfugiés tous les jours, principalement à Juba, font que les camps sont débordés » explique-t-elle. Un réel problème de place, contraignant les populations déplacées à vivre dans la promiscuité la plus complète. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la situation de s’améliore pas depuis le début des pourparlers à Addis-Abeba lundi. « Rien n’a bougé depuis. Le nombre d’arrivées est de plus en plus important chaque jour ». Céline Lefebvre ne voit pas la différence.

En véritable situation de guerre civile

Dès le 25 décembre, l’ONU a lancé un appel aux dons à hauteur de 166 millions de dollars. Mais les ONG n’en sont pas encore à compter les sous. « Pour l’instant, on est en phase d’évaluation, on se coordonne sur place avec les autres organisations pour se mettre en ordre de bataille et apporter notre réponse ».

Une réponse qu’il va vite falloir apporter, avec des hôpitaux débordés aussi bien à cause du manque de personnel que de matériel. « Avec plus de 200 000 personnes qui ont trouvé refuge dans nos bases, sans compter ceux qui ont fui le pays ou rejoint la campagne. Ajouter à cela des milliers de blessés. Oui, ça ressemble de plus en plus à une guerre civile ».

Par Kévin Charnay

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