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Sissi, celle qui se fit tuer presque par hasard

A quoi ça tient, une vie ? Si ses parents n’avaient pas refusé qu’elle épouse Richard, le jeune écuyer de son père, jamais Elisabeth de Wittelsbach ne serait devenue l’incomparable Sissi.

Si sa mère ne l’avait pas emmenée en Autriche, l’empereur François- Joseph ne serait pas tombé sous son charme. Les deux tourtereaux ne se seraient pas mariés. Et Elisabeth ne serait pas devenue impératrice. Surtout, si Sissi n’avait pas été à Genève, ce 10 septembre 1898, elle n’aurait pas été poignardée par cet anonyme anarchiste. Elle ne serait pas morte ce jour-là. Presque par hasard.

Etonnant personnage que cette Sissi. Arrivée à la cour sans vraiment le vouloir, elle peine à y trouver sa place. Les conventions déplaisent à cette demoiselle de province qui raffole des balades en forêt et des galopades à cheval. Il n’empêche, la jeune femme sait profiter des avantages de la fonction. Elle ne se prive pas de dépenser des fortunes pour soigner sa beauté. Ce qui ne la libère pas de ses démons intérieurs. Mélancolique, narcissique, dépressive, Sissi est une femme au destin tourmenté. La mort de sa fille, puis celle de ses soeurs la minent toujours davantage.  » Je chemine solitaire sur cette Terre depuis longtemps détachée du plaisir de la vie « , écrit-elle dans un poème qu’elle destine aux générations futures.

Pas simple d’imaginer que Sissi eût pu être âgée. La femme apprécie peu les traces qu’inflige le temps à son corps ; elle ne se laisse plus guère dessiner. En 1898, elle a pourtant 60 ans. A l’automne de cette année-là, c’est à Bad Ischl, dans les Alpes, que le couple impérial se prélasse. Mais la vénérable dame bouillonne. Et a ses lubies. Soudainement, elle veut s’en aller. Voyager. Dans sa Bavière natale, tout d’abord. Puis aux abords du lac Léman. Sous un pseudonyme, elle descend à l’hôtel Beau Rivage de Genève. Sissi aime (aussi) la simplicité. Et ne pas être reconnue. Le 10 septembre, elle voyage sans escorte, à peine accompagnée de sa dame de compagnie. Les deux femmes s’apprêtent à monter dans le Genève, un bateau, quand un homme vient à leur rencontre. En trottinant. Elles veulent éviter le choc ; il le provoque. Brutal. Son poing est armé. Elisabeth tombe. Puis se relève. Et gagne le bateau. C’est là que le drame se révèle. En urgence, le Genève la ramène au Beau Rivage. Où elle meurt bientôt.

L’assassin a 25 ans. Luigi Lucheni se dit anarchiste. Pourquoi Sissi ? Presque par hasard ! Le jeune homme veut  » se faire un nom « . Et pour ça, il entend tuer quelqu’un  » de haut placé « . Arrivant à Genève, il apprend par la presse que l’impératrice d’Autriche s’y trouve aussi. La cible est toute trouvée. Le régicide obtiendra la prison à vie. Ce qui lui offrira le temps de la réflexion. De 1907 à 1909, il écrit ses mémoires. Dans son Histoire d’un enfant abandonné à la fin du xixe racontée par lui-même, il expliquera la signification de son geste. En ôtant celle d’une impératrice, il aura eu le sentiment de  » venger sa vie « .

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