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Silvio Berlusconi condamné à sept ans de prison

Le Vif

L’ancien chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi a été condamné lundi à sept ans de prison dans le procès Rubygate, dans lequel il est accusé d’abus de pouvoir et prostitution de mineure, un verdict plus lourd que prévu et qui risque de peser sur la stabilité politique de la péninsule.

Le Cavaliere a également été condamné à l’interdiction à vie de l’exercice de toute fonction publique par le tribunal de Milan (nord) allé plus loin que la requête du parquet qui avait demandé six ans de prison.

Silvio Berlusconi, 76 ans, qui se trouvait dans sa résidence d’Arcore, près de Milan au moment du verdict, n’ira cependant pas en prison car ses avocats vont déposer un recours. Tant que cette peine n’est pas validée en Cour de Cassation, elle n’est pas exécutoire.

« Cette condamnation est complètement déconnectée de la réalité, les juges sont allés au-delà de la demande de condamnation du parquet », a réagi immédiatement Niccolo Ghedini, l’un des avocats de Berlusconi, confirmant un rapide pourvoi en appel.

« Un véritable attentat contre la démocratie »

Dans le camp du Cavaliere, les protestations ne se sont pas faites attendre. C’est un « véritable attentat contre la démocratie », s’est insurgé le sénateur de droite Lucio Malan. Fabrizio Cicchitto, un proche plutôt modéré, dénonçait « l’irresponsabilité d’un noyau de magistrats soutenus par des forces éditoriales et financières contre lesquels il faut protester haut et fort ».

« C’est une honte », a renchéri Daniela Santanché, une des responsables de la droite plus proche du Cavaliere, considérée comme un « faucon » de son camp, ayant cependant assuré que le verdict n’aurait pas de conséquence sur l’exécutif.

« La justice et le gouvernement sont deux choses différentes », a-t-elle dit, même si cette approche semble ne pas convaincre tous les observateurs en Italie.

Le gouvernement comme protection contre les poursuites

Rappelant son caractère imprévisible, plusieurs médias ont souligné que le Cavaliere considérait le gouvernement de coalition comme une protection contre les poursuites judiciaires, mais, en l’absence de cette protection, « son intérêt à soutenir le gouvernement disparaîtrait ».

La thèse a été démentie par son entourage mais le ton est monté à droite dans les critiques adressées au gouvernement, même si les reproches formulés étaient essentiellement de nature économique et sociale.

Entamé en avril 2011, le procès tournait autour de dîners à l’ambiance débridée, décrits comme des « orgies » par le parquet de Milan, organisés au printemps 2010 dans la luxueuse villa de Silvio Berlusconi à Arcore, près de Milan: les fameuses soirées « bunga-bunga », auxquelles participait, entre autres, la jeune Marocaine Karima El Mahroug, alias « Ruby la voleuse de coeurs », âgée de 17 ans à l’époque.

La procureure Ilda Boccassini, bête noire du Cavaliere, avait demandé une « peine de base de cinq ans de prison » pour abus de pouvoir car M. Berlusconi, alors Premier ministre, aurait utilisé sa position pour faire libérer la jeune Ruby interpellée à Milan pour un larcin. Cette peine de base devait être « aggravée d’un an » pour avoir rémunéré les prestations sexuelles de cette mineure, un délit en Italie.

« Abus de pouvoir sous la contrainte »

Mme Boccassini avait assorti son réquisitoire de la requête d' »interdiction à vie d’exercer toute fonction publique » à l’encontre de l’ex-président du Conseil, sénateur depuis les élections de février.

Le tribunal a été plus loin, le jugeant coupable d' »abus de pouvoir sous la contrainte », et demandant même au parquet d’ouvrir une enquête sur de possibles fausses déclarations de certains témoins pendant le procès.

De son côté, la défense du Cavaliere avait demandé son acquittement pur et simple.

« Il n’a commis aucun délit », avait affirmé lors d’une des dernières audiences Me Ghedini, dénonçant des « préjugés » des juges et du parquet à l’encontre de son client.

Berlusconi se dit « persécuté »

Selon Berlusconi, des « magistrats rouges » (communistes, ndlr) tentent, en le « persécutant » sur le plan judiciaire, de se substituer à la gauche qui n’a pas réussi à le battre sur le plan politique.

Le verdict est arrivé quelques jours à peine après le rejet par la Cour constitutionnelle d’un recours très important pour le Cavaliere. Il cherchait à obtenir l’annulation d’une condamnation pour fraude fiscale (procès Mediaset) risquant de le priver de tout mandat électoral.

Depuis son entrée en politique en 1994, il a été condamné, en incluant le verdict du Rubygate, à un total de 18 ans et cinq mois de prison ferme, dont trois ans couverts par une amnistie, pour divers délits, mais aucun de ces jugements n’a jusqu’à présent été définitif.

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