Donald Trump et Scott Pruitt © REUTERS

Scott Pruitt, l’homme de Trump pour démonter la protection de l’environnement

Le Vif

Pendant des années, Scott Pruitt a lutté au niveau local, dans l’Oklahoma, contre les initiatives environnementales de Barack Obama. Jeudi, c’est tout sourire et au premier rang qu’il a assisté à l’annonce par Donald Trump du retrait des Etats-Unis de l’accord de Paris sur le climat.

Scott Pruitt, 49 ans, est l’administrateur de l’Agence de protection de l’environnement (EPA), l’agence fédérale créée en 1970 et chargée des règlementations touchant à l’air, l’eau et la terre. Il était l’un des partisans les plus fervents de la sortie de l’accord, qu’il jugeait « mauvais » pour les Etats-Unis. « Il faut sortir de Paris », avait-il dit sans équivoque à Fox News en mai.

S’il n’était qu’une des voix opposées à l’accord, il était l’un de ceux ayant le plus accès au président Trump, courtisé de toutes parts depuis des semaines par les dirigeants étrangers, les lobbies, les politiques, les associations et des factions rivales au sein de la Maison Blanche. Cet activisme opposait le patron de l’EPA à ses propres subordonnés, notamment ses nombreux scientifiques spécialisés dans le climat. C’est pour cette raison que Donald Trump l’avait choisi.

Trois semaines après son arrivée à l’EPA, Scott Pruitt affirmait que le dioxyde de carbone n’était pas le moteur principal du réchauffement climatique. « Mesurer avec précision l’activité humaine sur le climat est très difficile à faire, et il existe de fortes divergences sur le degré de l’impact », a-t-il dit lors d’une interview sur CNBC. « Donc non, je ne suis pas d’accord avec l’idée qu’elle contribue en premier lieu au réchauffement climatique ». « Nous devons continuer le débat, continuer la recherche et les analyses », a-t-il dit.

L’ami des lobbys

Lorsqu’il était attorney general de l’Oklahoma, soit un procureur général défendant les intérêts de l’Etat contre le pouvoir central, il a ferraillé devant les tribunaux contre l’administration Obama, main dans la main avec l’industrie pétrolière dont il était de facto l’un des lobbyistes les plus efficaces.

Il a intenté plus d’une dizaine d’actions en justice contre des directives de l’EPA, notamment en 2015 contre le « Clean Power Plan », clé de voûte de l’action environnementale de l’ancien président démocrate, destiné à réduire les émissions de gaz à effet de serre des centrales à charbon. Ce plan, avait-il déclaré à l’époque, était « une tentative illégale d’accroître le pouvoir des bureaucrates fédéraux sur la politique énergétique des Etats ».

Lors de son audition de confirmation, en janvier, il a certes déclaré qu’il ne croyait pas que le changement climatique était une invention. Mais il a endossé l’idée, devenue standard parmi les républicains, que le sujet nécessitait « plus de débat ». En 2015, il avait même dit à la chaîne Fox News que l’environnement se porterait « bien » si l’Agence de protection de l’environnement n’existait plus.

Pour les démocrates, minoritaires au Congrès, et les associations écologistes, Scott Pruitt est du reste un ennemi déclaré. « En quatre mois, Scott Pruitt est devenu le pire administrateur de l’EPA de l’histoire », dit à l’AFP Ken Cook, président de l’association Environmental Working Group. « Sous Pruitt, l’agence censée protéger les Américains contre les pollutions toxiques a au contraire lancé l’assaut contre notre eau, notre air et la santé publique ».

Invité à s’exprimer au podium jeudi par Donald Trump, le responsable environnemental a félicité le président, déclarant: « personne dans le monde n’a su trouver comme nous l’équilibre entre la croissance économique, les créations d’emplois et la protection de l’environnement ». « Nous n’avons pas à rougir face aux autres pays pour notre politique environnementale », a-t-il déclaré.

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