Wolfgang Schäuble et Yanis Varoufakis © Reuters

Schäuble: « La dette grecque pas comparable avec celle de l’Allemagne après 1945 »

Le ministre des Finances allemand, Wolfgang Schäuble, a rejeté jeudi toute comparaison entre la dette de son pays après 1945, largement effacée par les Alliés en 1953, et l’endettement actuel de la Grèce, jugeant que le « parallèle porte à confusion ».

« Faire une comparaison avec les années 20 », lorsque l’Allemagne, vaincue en 1918 et étranglée par les demandes de réparations, « ou avec 1953 n’a rien à voir avec la situation que nous avons connue au cours des dernières années dans la zone euro (…) cela porte à confusion », a déclaré lors d’un colloque de la Bundesbank à Francfort M. Schäuble, hostile à toute réduction de la dette hellène.

Plusieurs économistes, dont le Français Thomas Piketty, ont récemment interpellé la chancelière allemande Angela Merkel sur une réduction de la dette grecque. Jeudi, la dirigeante a une nouvelle fois rejeté cette hypothèse, jugeant qu’elle était « hors de question ».

« L’Allemagne est LE pays qui n’a jamais remboursé ses dettes. Elle n’est pas légitime pour faire la leçon aux autres nations », a renchéri récemment M. Piketty dans l’hebdomadaire allemand Die Zeit. Il rappelle qu’en 1953, huit ans après la défaite de l’Allemagne nazie, les Alliés ont effacé à la conférence de Londres « 60% de la dette extérieure » de la jeune République fédérale d’Allemagne (RFA).

Mercredi, le Premier ministre grec Alexis Tsipras a utilisé le même argument à Strasbourg : « en 1953, les peuples européens ont montré (…) ce qu’était la solidarité européenne ». « 60% de la dette de l’Allemagne a été effacée. Ce fut la manifestation de la plus significative de solidarité de l’Histoire », a-t-il martelé devant les eurodéputés.

« Ce parallèle prête à confusion, ne faisons pas cette erreur », a pourtant insisté M. Schäuble. « Évidemment, il y a eu le nazisme et les alliés ont pris la décision fort intelligente de lever la dette allemande après la Deuxième Guerre mondiale mais les circonstances étaient totalement différente », a-t-il encore argumenté.

Asphyxiée par une dette colossale, Athènes a jusqu’à 00H00 (22H00 GMT) pour remettre son nouveau programme de réformes avec lequel elle espère convaincre les Européens de reprendre leur aide et de la garder dans la zone euro.

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