© capture d'écran Expressen

Scandale en Suède: Des vidéos de députés suédois nazillons

Des vidéos montrant des députés insulter, tenir des propos racistes, menacer physiquement ou s’en prendre à des passants créent le scandale en Suède et mettent en lumière le comportement fascistoïde d’élus d’extrême droite.

Deux ans après leur entrée fracassante au parlement où ils comptent 20 députés sur 349, le parti d’extrême-droite suédois Sverigedemokraterna (SD, Les démocrates suédois) est plongé au coeur d’une scandale vidéo qu’il aurait préféré éviter.

Cette semaine, le quotidien populaire Expressen a mis en ligne plusieurs séquences de film tournées dans les rues de Stockholm à l’été 2010 où l’on voit trois haut dirigeants de la formation nationaliste se comporter en nazillon. En prime ils sont visiblement fiers d’inspirer la peur en intimidant verbalement et physiquement de simples passants.

L’une des séquences montre le député Erik Almqvist, 30 ans, s’opposer verbalement à l’acteur comique suédois d’origine kurde Soren Ismaïl, qu’il traite de « babbe », que l’on pourrait traduire par « bougnoule ». Almqvist, qui est le porte-parole des Démocrates suédois pour toutes les questions économiques, explique à l’acteur que celui-ci est « anti suédois » et qu’il n’a rien a faire là puisque « ceci est mon pays ». « Arrête de faire chier les Suédois par tes provocations », insiste l’élu de la formation antieuropéenne.

« Quand nous serons au pouvoir, c’en sera fini des mecs comme lui »

Plus loin, une autre séquence montre le même élu, cette fois accompagné d’un autre député nationaliste, Kent Ekeroth, 31 ans, et d’un élu local de Stockholm, Christian Westling, lui aussi trentenaire. Les trois hommes ont une altercation avec un jeune homme ivre, de nationalité suédoise. Alors que celui-ci leur tient tête, les députés lui disent de se « comporter comme un vrai Suédois », sous-entendu comme un bon aryen. A un moment, l’une de trois brutes à l’allure pourtant très présentable donne un coup de pied à l’homme en état d’ébriété. Son comparse ajoute: « Parle suédois correctement, putain! ». Le troisième conclut: « Quand nous serons au pouvoir, c’en sera fini des mecs comme lui. »

Scandalisée par leur attitude, une jeune passante s’interpose pour leur demander des comptes. Les trois hommes -dont, rappelons-le, deux sont des parlementaires- la traite de « petite pute » et la bousculent. Ensuite, ils s’éloignent, puis décident de revenir sur les lieux de l’altercation. Les élus en costume-cravate se saisissent alors de tubes d’échafaudage qu’ils trouvent sur un trottoir: ils ont visiblement l’intention de s’en servir comme d’une arme.

Cependant, ils abandonnent rapidement leurs tubes car la sirène d’une voiture de police retentit. Ravis, les trois hypocrites accourent alors auprès des policiers pour témoigner contre l’homme ivre, jurant qu’ils ont été agressés par ce dernier. Un peu plus tard, lorsqu les policiers sont à bonne distance, on les entend dire par-devers eux: « Ah, trop génial de foutre la merde ».

Des vidéos filmées par l’un des députés

Ironie de l’histoire: toutes les séquences vidéos publiées par Expressen -dont on ignore comment elles sont parvenues à leur rédaction- ont été filmées par l’un des deux députés, Kent Ekeroth, suivant une pratique obsessionelle apparemment courante au sein du parti d’extrême droite. Elle consiste à prouver par l’image que ses membres sont les victimes d’agressions verbales récurrentes.

Voilà deux ans, le député Erik Almqvist avait, en bon propagandiste, mis en ligne sa version (tronquée) de l’affaire, se plaçant en position de victime. Le scoop de Expressen lui fait piteusement perdre la face. Porte-parole des Démocrates suédois, ce dernier, natif des beaux quartiers de la capitale, était jusqu’à présent considéré comme le dauphin naturel du parti.

Anti-Islam et farouchement pro Israël, le député Kent Ekeroth, économiste de formation, est, pour sa part, membre de la commission de la Justice au sein du Riksdag (parlement). Enfin, le troisième homme, Christian Westling, n’est pas député. Elu local, il appartient cependant de la direction du parti, où il se consacre aux affaires européennes et de défense.

Face au scandale, les trois brutes ont tous renoncé à leurs attributions et responsabilités à la fois au sein du parti et au Parlement. Cependant, les deux députés (Almqvist et Ekeroth) ont décidé de conserver leur poste de député, en concertation avec Jimmy Akesson, le « Marine Le Pen suédois », chef de file des Démocrates suédois (SD). Lors d’une conférence de presse vendredi 16 novembre, ce dernier, cynique et habile, a minimisé l’affaire en la réduisant à une simple petit problème d’ordre privé survenu un soir d’égarement dans les rues de Stockholm…

Levif.be avec l’Express

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