Un prisonnier porte un sac devant une colonie pénale en Sibérie © Reuters

Russie: le retour des goulags ?

Muriel Lefevre

Les prisonniers sont confrontés à des conditions inhumaines, souvent durant des semaines, alors qu’ils sont transportés à des milliers de kilomètres dans des trains sans fenêtre vers des « colonies correctives » dans des zones isolées de la Russie, décrit le rapport de l’ONG de défense des droits de l’Homme.

Les conditions de transport des prisonniers en Russie font écho aux goulags de l’aire soviétique, dénonce un rapport d’Amnesty International publié mercredi et qui évoque une situation « inhumaine ». L’association exhorte les autorités russes à réformer le système pénitentiaire en vigueur et particulièrement celui du transport des détenus pour mettre fin à ces abus.

Ces conditions « cruelles et dégradantes », imposées aux détenus masculins ou féminins rappellent des pratiques « héritées du passé soviétique », décrit l’association, en faisant le parallèle avec les goulags, camps de travail isolés créés par les bolcheviques durant la première partie du siècle passé. « Les prisonniers sont entassés dans des espaces confinés de trains sans ventilation, sans lumière naturelle, peu d’eau et un accès limité aux sanitaires. A la fin de leur voyage, qui peut durer jusqu’à un mois, ils arrivent à destination, à des milliers de kilomètres de leurs familles », déplore Denis Krivosheev, le directeur adjoint du bureau d’Amnesty International pour l’Europe et l’Asie centrale. Les constations d’Amnesty International sont étayées par celles d’autres associations de défense des droits de l’Homme, dont Human Rights Watch qui confirme les abus et évoque un « problème grave ».

Les services pénitenciers russes ont hérité d’un réseau de colonies pénitentiaires de l’aire soviétique, le système des goulags, dont beaucoup sont situés dans des anciens camps de travail placés dans des régions isolées et peu peuplées du pays. Ce qui signifie que les prisonniers doivent être transportés sur des distances de plus de 5.000 km. Les visites des familles sont donc rendues très compliquées. Comme seulement 46 des 760 institutions pénitentiaires russes sont prévues pour les femmes, ces dernières sont plus sujettes aux longs voyages et à l’isolement. « La distance est une des façon de fragiliser psychologiquement les prisonniers. Ils sont loin d’un soutien, d’aide », commente Aleksei Sokolov d’Urals Human Rights Group. En outre durant le voyage, les détenus ne sont pas en mesure de contacter leurs proches et leurs avocats qui ne sont pas informés de la destination finale avant le début du transfert. « Ils disparaissent effectivement pour des semaines ou des mois, laissant les familles sans nouvelle et plaçant les prisonniers sans protection de la loi pour dénoncer les abus », explique M. Krivosheev.

« Il est temps que les autorités russes se débarrassent de l’héritage des goulags. Elles doivent mettre fin aux pratiques et faire en sorte que les prisonniers soient transportés dans des conditions qui respectent les lois et standards internationaux », poursuit M. Krivosheev. Les associations de défense des droits de l’Homme demandent qu’une limite dans le temps soit prévue pour les transports de prisonniers et que les colonies pénitentiaires éloignées de centres peuplés soient fermés.

Avec l’AFP

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