© Reuters

Roger Stone, « le prince des ténèbres » qui veille sur Trump

Muriel Lefevre

Roger Stone est proche de Trump depuis quarante ans. Ce consultant a participé à toutes les campagnes victorieuses des républicains. Celui qui se décrit comme un agent provocateur s’est fait tatouer Nixon entre les omoplates et serait particulièrement doué dans l’art du filoutage. Son nom apparait aussi dans l’affaire des liens supposés entre Trump et la Russie et dans les fuites ayant plombé Hillary Clinton. Un documentaire fait son portrait.

Il est resté lié à Nixon jusqu’à la mort de ce dernier en 1994. Il a participé à la campagne de Reagan, mais aussi, de loin, à celle de Bush père et fils. Il a surtout été très impliqué dans celle de Trump depuis que ce dernier a annoncé qu’il se lançait à la conquête de la présidence.

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Homme de l’ombre et « dandy bodybuldé », on va l’affubler de surnoms comme le parrain ou l’homme des ténèbres. Surtout que ce dernier ne s’embarrasse pas de scrupules et frappe bas, voire très bas si besoin. Par exemple, ce serait lui qui aurait suggéré à Trump de revenir sur l’histoire du certificat de naissance d’Obama. Il s’est autoproclamé « dirty trickster » que l’on peut traduire par « sale filou » dans un long portrait du The New Yorker.

Sa rencontre avec Trump remonte à presque 40 ans. En 1979, il vient d’être embauché par Reagan et cherche de quoi plomber Jimmy Carter. Sur les conseils de l’avocat Roy Cohn, bras droit du sénateur McCarthy artisan de la « chasse aux sorcières » communiste, il contacte Donald Trump. Ce dernier va contribuer à la campagne de Reagan, mais surtout les deux hommes vont, à partir de ce moment, devenir proches au point que Stone l’incite à se lancer en politique, et ce dès 1987. Si le milliardaire refuse dans un premier temps, il va franchir une première étape en 1999 lorsqu’il se présente l’investiture du Parti de la réforme. Cette candidature n’ira pas bien loin, mais plombera ce nouveau parti qui ne pourra plus concurrencer les républicains.

Pas la discrétion incarnée

Malgré son rôle de pseudo homme de l’ombre, Stone n’est pas de nature discrète et ne rechigne pas à apparaître en public. Cet homme qui aime les costumes à rayures publie aussi des livres à la véracité controversée, par exemple sur l’assassinat de JFK ou sur la dynastie Bush. Il aime aussi les formules-chocs et rarement distinguées.

Il occupe une position centrale entre politique, business et médias qui lui permet d’user de trafic d’influence sans complexe et de pêcher dans un très large carnet d’adresses. Il s’est aussi converti aux médias de l’alt-right où il a sabré le champagne lors de la victoire de Trump.

Cette année le FBI et le Sénat américain se sont intéressés à lui dans le cadre des enquêtes sur l’implication de la Russie dans la campagne électorale et sur les fuites publiées sur Wikileaks qui sont venues plomber la campagne d’Hillary Clinton. On lui reproche notamment d’avoir dialogué avec le hacker qui a revendiqué le piratage du parti démocrate et d’avoir obtenu des informations de Wikileaks avant leur parution officielle. Lorsque Trump a viré le chef du FBI, certains y verront l’ombre de Stone.

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Sauf que les relations exactes qu’entretiennent les deux hommes sont floues. On ne sait si l’un influence vraiment l’autre. Officiellement, il n’a été conseiller que 7 semaines alors que Trump n’était que candidat. Il s’en va dès aout 2015. Il dira qu’il est parti suite aux propos sexistes de Trump. Trump affirme qu’il l’a congédié. Il reviendra tout de même 8 mois plus tard, en catimini et par la bande, lorsque Paul Maanafort est nommé chef de campagne (lui-même sera congédié en 2016). Quoi qu’il en soit, si leur fréquence varie selon les sources, Stone et Trump sont encore en contact.

« Il vaut mieux être tristement célèbre que pas célèbre du tout »

Certains commentateurs américains pensent qu’il sert de « goûteur » pour Trump, histoire de voir si la situation n’est pas empoisonnée. C’est lui qui lance les sujets polémiques. Et « Si cela ne tue pas Roger Stone, cela ne tuera pas Donald Trump. » Lui-même dit dans le reportage que « s’il n’était pas efficace vous ne le détesteriez pas . »

D’autres observateurs pensent que le personnage n’est qu’une arnaque. Il aurait surtout été au bon endroit au bon moment. Son influence serait marginale et serait affublée d’une réputation de faiseur de roi car ce que l’homme aime surtout s’est de se faire de la publicité. Pour après se vendre au plus offrant.

Il est aussi un adepte de ce qu’on appelle la politique paranoïaque qui exagération enfiévrée, suspicion et fantasmes conspirationnistes » dit Slate. Et tant pis si beaucoup de républicains le vomissent, car il est pro-choix ou pro-mariage gay. On a par exemple vu ce grand-père de 5 enfants parader torse nu lors d’une Gay Pride.

« Il vaut mieux être tristement célèbre que pas célèbre du tout » dira-t-il un jour. Quitte à enjoliver la vérité. Il aurait par exemple survécu à une attaque au polonium. Rien que ça.

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