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Richard Holbrooke, un « géant » de la diplomatie américaine, est mort

Richard Holbrooke, artisan de la paix en Bosnie et émissaire de Barack Obama pour l’Afghanistan et le Pakistan et, selon le mot du président des Etats-Unis, « véritable géant de la politique étrangère américaine », est mort lundi soir, trois jours après avoir souffert d’une crise cardiaque.

« L’Amérique a perdu ce soir l’un de ses défenseurs les plus farouches et l’unde ses serviteurs les plus dévoués », selon la secrétaire d’Etat Hillary Clinton.

« Les progrès que nous avons accomplis en Afghanistan et au Pakistan sont dus pour une bonne part aux efforts sans relâche de Richard en faveur de l’intérêt national de l’Amérique, et sa recherche de la paix et de la sécurité », a dit Barack Obama.

Agé de 69 ans, M. Holbrooke avait été opéré ce week-end de l’aorte, puis avait subi une deuxième intervention.

Il représentait depuis janvier 2009 M. Obama en Afghanistan et au Pakistan, où les Etats-Unis sont depuis 2001 engagés dans une guerre contre les talibans.

Le président doit s’exprimer jeudi sur ces deux pays, lors de la remise d’un rapport d’étape qui devrait évoquer des « progrès », un an après l’annonce de sa nouvelle stratégie. Le « Pakistan a perdu un ami », a déclaré son président, Asif Ali Zardari.

Son décès est « une perte pour le peuple américain », a estimé de son côté le président afghan Hamid Karzaï.

Les hommages ont afflué. « Il a restauré l’espoir pour d’innombrables personnes dans le monde », a déclaré l’ancien président Bill Clinton. Sa carrière de diplomate avait commencé au Vietnam il y a près de 50 ans.

En 1995, Bill Clinton le nomme secrétaire d’Etat-adjoint chargé de l’Europe, casquette sous laquelle il sera l’artisan des accords de Dayton, qui mirent fin à la guerre de Bosnie.

Son rôle a permis de sauver « des dizaines de milliers de vies » dans ce conflit, a assuré John Kerry, président de la commission des Affaires étrangères du Sénat.

Pour négocier ce qui est, aujourd’hui encore, considéré comme l’un des plus grands succès de la diplomatie américaine, Richard Holbrooke entreprendra plusieurs voyages en ex-Yougoslavie. Il n’hésite pas à parler durement à Slobodan Milosevic.

« C’était le diplomate par excellence, capable d’affronter les dictateurs et de se dresser pour les intérêts de l’Amérique dans les circonstances les plus difficiles », selon Hillary Clinton.

Le secrétaire général de l’Otan Anders Fogh Rasmussen lui a rendu hommage, parlant de sa « légendaire détermination ».

Le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague a évoqué l’un des « meilleurs et des plus brillants » diplomates de sa génération, tandis que son homologue française Michèle Alliot-Marie a salué la mémoire de « l’infatigable négociateur ».

Le ministre suédois des Affaires étrangères Carl Bildt a parlé « d’un géant de la diplomatie mondiale ».

Grand et altier, le regard vif, les gestes amples, le verbe haut et précis, Richard Holbrooke était taillé pour la part de comédie allant avec son métier.

Loin de l’image compassée de ses pairs diplomates, il misait tour à tour sur le charme et les colères plus ou moins feintes.

Affronter ses interlocuteurs pour les faire plier avait été sa méthode en ex-Yougoslavie. Avec le président afghan, Richard Holbrooke a eu au moins une dispute très vive en 2009, largement rapportée dans les médias malgré les démentis.

Cette dernière étape de sa carrière aura peut-être été la plus dure. Richard Holbrooke portait le versant civil de l’effort que l’Amérique mène depuis près de dix ans dans un pays notoirement difficile, où les succès sont rares et les perspectives à long terme très. « Il faut arrêter cette guerre en Afghanistan », a-t-il dit peu avant d’entrer dans la salle d’opération, selon le Washington Post.

Levif.be avec Belga

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