Benoit Hamon © REUTERS

Revenu universel : Benoit Hamon revoit (encore) sa copie

Caroline Lallemand
Caroline Lallemand Journaliste

Le candidat du PS à l’élection présidentielle française a fait du revenu universel son cheval de bataille. Un projet qui peut le faire perdre comme le faire gagner. L’idée d’allouer 750 euros à chaque citoyen français n’est pourtant pas si évidente à mettre en oeuvre. Benoit Hamon est sur le point d’annoncer de nouvelles modifications de son projet, selon Les Echos.

Benoit Hamon a basé la plus grande partie de sa campagne sur l’instauration d’un revenu universel alloué à chaque Français. Une proposition qui suscite pas mal de discussions quant à sa réalisation concrète. Et notamment à cause de son coût estimé, à terme, à 349 milliards d’euros selon une étude de l’Institut Montaigne, un Think Tank français.

La mouture du projet a d’ailleurs été modifiée maintes fois sur le site du candidat, preuve que son équipe, dont fait partie, entre autres, Thomas Piketty tâtonne encore. Même dans les rangs d’Hamon, certains l’avouent très franchement, l’idée fait un peu peur. Pour Nicolas Matyjasik, coordinateur du programme du candidat PS, interrogé par le magazine français Society, « la mesure a pris une telle importance qu’elle peut [les] faire perdre comme elle peut [les] faire gagner en mai prochain. »

Sur son site de campagne, comme a pu le remarquer le journal Le Monde, de nombreuses modifications ont déjà été apportées au texte de base. Le journal Les Echos nous apprend aujourd’hui que Benoit Hamon va de nouveau modifier son projet de revenu universel qu’il devrait dévoiler dans les prochains jours.

« Une sorte de prime d’activité » sera mise en place « dès janvier 2018 », explique Julia Cagé, l’économiste chargée du projet au sein de l’équipe Hamon interviewée par le quotidien économique français. « Nous ne sommes pas du tout dans un ordre de grandeur de 300 milliards. Les montants sont plutôt proches de quelques dizaines de milliards, sans rogner sur les ambitions », affirme-t-elle aux Echos, refusant toutefois de dévoiler les détails du dispositif final.

Lors de la primaire, Hamon avait en effet annoncé ce montant pour la première phase du projet, avec une hausse du RSA de 10% et un revenu d’existence pour les 18-25 ans. Le revenu universel à proprement parler de 750 euros pour chaque Français n’étant que l’objectif final du candidat, à un horizon d’au moins dix ans.

Plus proche de la prime d’activité

Le candidat du PS à l’Elysée a lui-même donné quelques indice vendredi dernier sur RMC en déclarant vouloir aider « ceux qui ont aujourd’hui un revenu modeste » afin que le revenu universel « se traduise pour eux par une augmentation de leur salaire net sur leur feuille de paye ». Cette idée est donc plus proche d’un versement automatique sur le salaire, d’une sorte de prime d’activité pour les salariés proches du SMIC, défendue par Julia Cagé, mais aussi par Thomas Piketty, Antoine Bozio et une dizaine de chercheurs dans une tribune parue en janvier, notent Les Echos.

Le candidat PS envisage donc clairement d’élargir la première phase de son projet. Pour rappel, il devait se limiter à la majoration du RSA socle à 600 euros et son versement aux jeunes de 18 à 25 ans. « Cette option est maintenue, mais nous allons doubler cette mesure par une automatisation du versement de cette sorte de prime d’activité dès janvier 2018. Nous avons tenu compte de la demande de revalorisation du pouvoir d’achat, et cela donnera au final une première phase plus ambitieuse », détaille Julia Cagé.

On s’approche donc de manière moins utopiste du revenu universel avec le versement de cette prime d’activité qui met davantage l’accent sur le pouvoir d’achat et le salaire juste. Un dispositif qui diffère de la philosophie initiale de Benoît Hamon, qui présentait plutôt ce revenu universel comme un moyen de pallier la raréfaction du travail. « Il est possible que le travail se raréfie et il faudra alors trouver des formes alternatives de financement de la protection sociale. Mais si jamais il se trouvait que les nouvelles technologies créaient plus d’emplois qu’elles n’en détruisent, alors notre réforme aura au moins déjà permis de répondre au besoin d’autonomie des jeunes et à la revalorisation du pouvoir d’achat », justifie Julia Cagé aux Echos.

Le vrai revenu universel d’un montant estimé à 750 euros élargi à tous les Français, sans condition, étant plutôt présenté comme un projet sur le plus long terme, à implémenter sur une période de dix ans minimum selon l’équipe du candidat PS.

Aux Echos, Julia Cagé assure encore qu’il y aura bien un « revenu mensuel garanti à tous les Français quels que soient les incidents de la vie », tout en reconnaissant que « ce n’aurait pas de sens de donner à Liliane Bettencourt 600 euros pour lui reprendre de l’autre main par une hausse d’impôts ». Elle précise: « Après la première étape, il y aura de toute façon une réflexion pour améliorer toujours plus le pouvoir d’achat des Français ». Le débat continue…

Lire aussi: « Allocation universelle: comment va s’y prendre Benoît Hamon ? »

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