Donald Trump épuise ou dégoûte ses collaborateurs, pas encore ses électeurs. © Mandel NGAN/BELGAIMAGE

Rétro 2018: Trump tout seul

Gérald Papy
Gérald Papy Rédacteur en chef adjoint

Son style le coupe de ses collaborateurs. Sa diplomatie l’isole. Sa réussite économique le sauve. L’Amérique change.

Le décès, le 30 novembre, du président George Bush senior (1989 – 1993) a ravivé auprès des Américains la nostalgie d’un temps où les gouvernants étaient des gentlemen. La deuxième année de présidence de Donald Trump n’a, il est vrai, pas aidé à la réduire. Une campagne électorale, pour les élections de mi-mandat, et les révélations d’un livre-document, Peur. Trump à la Maison-Blanche (Seuil) de Bob Woodward, ont conforté l’image d’un président réfractaire à toute inhibition. Tout juste a-t-on peut-être découvert que les insultes de Donald Trump ne visaient pas seulement ses ennemis avoués.

 » Je ne supporte pas la façon dont le président s’adresse aux généraux… Ils ne le méritent pas. Je ne peux pas rester les bras croisés et écouter ce genre de propos dans la bouche du président. Ce type est un abruti « , rapporte le célèbre journaliste dans son ouvrage en citant le secrétaire d’Etat Rex Tillerson à propos d’un patron qui avait pourtant fait des militaires la charpente de son administration. Le chef de la diplomatie américaine en tirera les conclusions : comme tant d’autres collaborateurs de Trump dont l’importantissime secrétaire général de la Maison-Blanche, le… général John Kelly, il démissionnera à la fin mars.

Pourtant, le chaos décrit à la Maison-Blanche n’affectera pas de manière significative la popularité, aux Etats-Unis, du président milliardaire. Du test des élections de midterm, il sort relativement épargné le soir du 6 novembre. Les Républicains conservent la majorité au Sénat (+ 2 élus républicains) alors qu’ils doivent concéder celle de la Chambre des représentants aux Démocrates (229 députés contre 206 aux Républicains). Ce n’est pas la débâcle annoncée. Mais pas davantage l’  » immense succès  » vanté par le président, comme à son habitude dans un tweet. Clairement, le président a pu capitaliser sur les bons chiffres de la croissance économique et du marché de l’emploi, une conjoncture due en partie à l’héritage de la présidence de Barack Obama.

Donald Trump ne manquera pas de les exposer en miroir de ceux de la France quand les commémorations à Paris du 100e anniversaire de l’armistice de la Grande Guerre auront scellé la fin de son improbable idylle avec un Emmanuel Macron. Il aura, il est vrai, fini en 2018 de se fâcher avec quasi tous ses alliés. Ainsi l’impact de sa diplomatie (tensions avec l’Iran, au Proche-Orient, unilatéralisme…) rejoint-il celui de sa politique domestique (lettres piégées à des personnalités démocrates, attaque antisémite de Pittsburgh…) : Donald Trump n’inspire pas la réconciliation.

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