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Régionales françaises : l’extrême droite vise un succès historique

Le Vif

Encore sous le choc des attentats de Paris, les Français votent dimanche pour des électionsrégionales, dernier test avant la présidentielle en 2017, qui devraient confirmer une inexorable poussée de l’extrême droite, en position de sceller un succès historique.

Les bureaux de vote ont ouvert dimanche en France à 07H00 GMT pour le premier tour d’élections régionales sous tension après les attentats de Paris et dans lequel l’extrême droite est en position de sceller un succès historique.

Les électeurs français sont appelés à élire leurs nouveaux conseils régionaux, dans un climat pesant, « anxiogène » selon la presse, trois semaines après les pires attentats jamais commis en France (130 morts et des centaines de blessés).

Après des percées spectaculaires l’an dernier aux municipales et aux européennes, le Front national (FN) apparaît en mesure d’emporter au moins deux régions, voire trois, sur 13 au total, du jamais vu dans le pays.

Sa présidente, Marine Le Pen, part grande favorite dans le nord (Nord-Pas-de-Calais-Picardie), où elle se présente. Sa nièce Marion Maréchal-Le Pen est aussi en pole position dans le sud, en Provence Alpes-Côte d’Azur.

Au coude à coude avec l’opposition de droite et loin devant les socialistes au pouvoir avec 27 à 30% d’intentions de vote au niveau national selon les sondages, le FN, qui se dit aujourd’hui « le premier parti de France », peut même nourrir des ambitions supplémentaires.

Les derniers sondages le placent en tête dans six régions au premier tour dimanche et envisage sa victoire dans trois au second tour le 13 décembre: le Nord, la Provence et la grande région Est, où se présente le bras droit et « stratège » de Marine Le Pen, Florian Philippot.

Le FN serait également en mesure de se maintenir partout en métropole au second tour, imposant autant de triangulaires à hauts risques à ses adversaires.

Le scrutin va se dérouler sous l’état d’urgence, qui impose un renforcement de la sécurité autour des bureaux de vote, notamment dans la capitale.

Les attentats jihadistes du 13 novembre ont écrasé la campagne, contribuant largement, dans une atmosphère mêlant recueillement, appels à la « guerre » contre l’Etat islamique et renouveau des symboles patriotiques, à brouiller les traditionnels clivages politiques.

Le parti de Marine Le Pen s’est trouvé conforté dans son discours nationaliste et anti-immigration par la révélation que deux des kamikazes auteurs des tueries de la capitale avaient gagné la France après s’être glissés parmi des migrants débarqués en Grèce.

Appels à la mobilisation

A l’inverse, les socialistes au pouvoir n’ont pas tiré profit jusqu’ici du spectaculaire regain de popularité enregistré par François Hollande, dont le virage sécuritaire dans la foulée des attentats a reçu un large soutien dans l’opinion.

Crédité de 22 à 26% au premier tour, le PS, à la tête depuis 2010 de toutes les régions sauf une, pourrait n’en conserver que trois ou quatre.

Le parti présidentiel joue la carte de l’unité nationale derrière François Hollande mais il pâtit de l’échec de l’exécutif à juguler un chômage au niveau quasi record de 3,59 millions de personnes, qui a connu en octobre sa plus forte hausse mensuelle depuis 2013.

Il souffre aussi de la faiblesse de l’ensemble de la gauche, qui se présente divisée au premier tour, même s’il espère la rassembler au second.

Promise à une large victoire avant les attentats, l’opposition de droite espère gagner une majorité de régions, mais les intentions de vote en sa faveur (25% à 29%) se sont érodées au profit du FN.

Le parti Les Républicains (LR) de l’ancien président Nicolas Sarkozy, court-circuité par M. Hollande qui a repris à son compte nombre de ses propositions en matière antiterroriste, s’est montré de surcroît divisé sur l’unité nationale depuis les attaques.

L’issue du scrutin dépendra beaucoup de l’attitude au second tour du PS et des Républicains dans les régions susceptibles de basculer à l’extrême droite: désistement voire alliance pour tenter de lui barrer la route, ou triangulaires risquant d’assurer sa victoire.

L’abstention est habituellement très forte pour ce type de scrutin intermédiaire, avec un électeur sur deux qui boude les urnes.

Les appels à la « mobilisation générale » se sont multipliés, dans les médias, les milieux économiques ou les syndicats, pour convaincre les Français de faire barrage au FN. La gauche en particulier a durci le ton, entonnant de nouveau son traditionnel discours « anti-faciste ».

Les élections régionales sont les dernières prévues en France avant la présidentielle de 2017, pour laquelle Marine Le Pen est aussi donnée en tête des intentions de vote au premier tour.

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