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Réfugiés: l’Europe se penche sur les retours et les contrôles aux frontières

Le ministre français de l’Intérieur Bernard Cazeneuve a proposé jeudi matin, lors du Conseil Justice et Affaires intérieures à Luxembourg, de créer, à terme, un corps de garde-frontières européen, selon des sources européennes. Cette proposition s’inscrivait dans le cadre d’une discussion sur le contrôle des frontières extérieures de l’Union.

M.Cazeneuve a fait des propositions en deux temps: il propose d’élaborer rapidement un système de garde-frontières pour lequel les Etats membres mettraient du personnel à disposition. A plus long terme, il s’agirait de créer un corps de garde-frontières européen autonome et indépendant.

Ce corps de garde-frontières serait déployé dans les endroits soumis à très forte pression migratoire, en concertation avec l’Etat membre concerné.

Cela nécessiterait cependant une modification du mandat de l’Agence de surveillance des frontières extérieures (Frontex) et sans doute aussi des Constitutions de la plupart des Etats membres, ont souligné ces sources européennes.

Il s’agissait de premières propositions, « les seules à porter sur l’avenir », qui seront affinées prochainement et feront l’objet de propositions écrites de la part de la France.

Globalement, tous les Etats membres s’accordent sur le fait qu’il faudra augmenter les moyens de Frontex, comme a d’ailleurs plaidé jeudi le directeur de l’Agence, Fabrice Leggeri, rappelant que Frontex a besoin de personnel et de capacités supplémentaires.

Renforcer Frontex

Frontex a besoin « d’argent frais » et de personnel supplémentaire, a confirmé en substance le ministre luxembourgeois de l’Immigration, Jean Asselborn, qui a précisé que des experts supplémentaires allaient arriver pour composer les « hotspots », ces centres où les demandeurs d’asile seront reçus à leur arrivée pour s’enregistrer et voir traiter leur demande.

Basés en Italie et en Grèce, points d’entrée principaux des migrants, les hotspots devraient être opérationnels dans les prochaines semaines et devraient permettre de renvoyer de manière plus rapide et efficace les personnes qui ne peuvent prétendre à une protection en vertu de la Convention de Genève de 1951.

Jean Asselborn et le commissaire européen aux Affaires intérieures Dimitris Avramopoulos ont annoncé qu’ils se rendraient vendredi et samedi à Rome et Lampedusa (Sicile) puis à Athènes et Kos, pour évaluer sur place les efforts fournis et à fournir.

Une des solutions pourrait également consister à coordonner les efforts au niveau européen, une logique dans laquelle s’inscrit la proposition française. Actuellement, la gestion des frontières est de la compétence des Etats membres chacun pour ce qui les concerne. « Il faut s’investir collectivement beaucoup plus dans la gestion des frontières extérieures », a d’ailleurs plaidé M. Asselborn

« La politique de retours et la gestion des frontières font partie intégrante de la lutte contre l’immigration illégale », a-t-il poursuivi. « Et l’avenir de l’espace Schengen, dont nous venons de fêter les trente ans, dépend de manière vitale de l’efficacité des contrôles aux frontières. »

La réflexion porte notamment sur l’opportunité d’élargir les contrôles biométriques aux frontières extérieures de l’Union aux ressortissants européens, ce qui permettrait aussi de rejoindre l’objectif de lutte contre le terrorisme.

Les ministres de l’Intérieur et de la Justice vont rédiger un courrier à l’intention du président du Conseil européen Donald Tusk et des chefs d’Etat et de gouvernement pour leur donner leurs orientations en matière d’immigration et de contrôle des frontières. La lettre sera envoyée en vue du Conseil européen des 15 et 16 octobre.

Durant le déjeuner de travail, les ministres devaient encore évoquer le lien entre migration et politiques de coopération au développement. « Il faut rendre des perspectives dans les pays d’origine », a insisté le ministre luxembourgeois.

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