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Refuge, le village qui abrite les délinquants sexuels

Marie Gathon
Marie Gathon Journaliste Levif.be

Aux États-Unis, les délinquants sexuels sont tous traités de la même façon : une fois sortis de prison, ils sont exclus de la société et condamnés à vivre comme des parias. C’est comme ça que certains d’entre eux ont atterri à « Refuge », un petit village de Floride perdu au milieu des champs de canne à sucre.

Les délinquants sexuels, enregistrés comme tel, perdent le droit de choisir où ils veulent vivre une fois sortis de prison. C’est inscrit dans la loi. Peu importe la nature du crime qu’ils ont commis ou les regrets qu’ils ont émis. Il leur est interdit de vivre à moins de 300 mètres d’une école, d’un terrain de jeu ou d’un arrêt de bus, rapporte le site internet GQ. En fait, ils n’ont pas le droit de vivre proches de tout lieu où des enfants sont susceptibles de se rassembler.

C’est comme ça que certains ont atterri dans le village de « Refuge ». Il s’agit de 61 bungalows perdus au milieu de milliers d’hectares de champs de canne à sucre qui ont été construits par les travailleurs migrants dans les années soixante. Quelques dizaines de Jamaïcains y vivent toujours et 120 délinquants y auraient résidé à un moment donné.

Les premiers délinquants sexuels sont arrivés il y a 6 ans et demi, quand Pat Power, lui-même délinquant sexuel, a imploré un toit au nom de Jésus. Une seule femme vit dans le village, elle est également la seule femme enregistrée comme délinquant sexuel. Tous portent un bracelet électronique et font régulièrement référence à leur agent de probation.

Les délinquants qui vivent là auraient voulu rester chez eux et se réinsérer dans la société, mais les conditions strictes d’éloignement les en ont empêchés. « Où sommes-nous censés aller ? Comment sommes-nous censés trouver un emploi ? », témoigne l’un d’entre eux. « J’ai parlé à mon agent de probation, ce matin. J’avais trouvé un travail dans l’industrie du fast-food juste pour joindre les deux bouts. Mais parce que j’allais être en contact avec des mineurs, je ne peux pas. »

Les hommes présents à « Refuge-ville » ne sont pas tous des agresseurs d’enfants. Certains affirment avoir été envoyés en prison pour de simples histoires d’adolescents : ils ont eu des copines de 15 ou 16 ans alors qu’ils en avaient 18 ou 19. Selon GQ, certains peuvent faire 15 ans de prison pour ces raisons, puis se retrouver dans le registre des délinquants sexuels et être obligés de vivre comme des parias pour le reste de leur vie. La loi américaine ne ferait en effet pas de distinction entre ces jeunes délinquants et les véritables prédateurs sexuels.

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