Le président turc Recep Tayyip Erdogan et sa femme Emine. © Belga

« Recul inquiétant » des libertés en Turquie

La Turquie a subi ces derniers mois sous le règne du président Recep Tayyip Erdogan un « recul inquiétant » en matière de respect des libertés qui menace surtout l’indépendance de la justice et de la presse, a dénoncé lundi Human Rights Watch (HRW).

Le pays « connaît un recul inquiétant en matière de droits humains », déplore l’ONG HRW dans le rapport Turkey’s Human Rights Rollback, accusant le gouvernement islamo-conservateur qui dirige sans partage le pays depuis 2002 de manifester « une intolérance croissante envers son opposition politique, la contestation de rue et les critiques de la presse ».

Depuis la révélation en décembre dernier d’un vaste scandale de corruption qui l’a éclaboussé jusqu’à son sommet, le régime turc a multiplié les initiatives, notamment par le biais de nouvelles lois, pour renforcer son contrôle sur le système judiciaire, les réseaux sociaux et les médias, et les pouvoirs des services de renseignement (MIT).

Il a en outre sévèrement réprimé toutes les manifestations de rues qui lui étaient hostiles et ouvert des procès contre les acteurs de la fronde antigouvernementale de juin 2013. Selon l’ONG, au moins 5.500 personnes ont été poursuivies dans ce cadre alors qu’un seul policier a été récemment condamné pour avoir causé la mort d’un protestataire. « La Turquie a peu de chances de se rapprocher de l’Union européenne (UE) si ses responsables ne prennent pas de mesures pour inverser cette tendance à la restriction des libertés et renforcer l’Etat de droit », a commenté la représentante de HRW en Turquie, Emma Sinclair-Webb.

Comme d’autres associations de défense de la presse, l’ONG insiste également sur les pressions exercées par le pouvoir sur les médias. Même si M. Erdogan a largement remporté l’élection présidentielle du 10 août (52% des suffrages), son régime « semble considérer que la légitimité que lui confère sa majorité politique doit prendre le dessus sur l’Etat de droit », conclut HRW.

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