Denis Mukwege © Reuters

RDC: « Nous sommes dirigés par des gens qui ne nous aiment pas »

« Nous sommes dirigés par des gens qui ne nous aiment pas », s’est emporté samedi le célèbre gynécologue congolais Denis Mukwege qui soigne les femmes violées dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), en dénonçant le refus de Kinshasa de participer à une conférence des donateurs.

« Quand on voit l’état des malades que nous soignons ici, et que le gouvernement congolais refuse de participer à une conférence pour lever des fonds en faveur des déplacés en RDC, je considère que c’est un nouveau scandale », a-t-il déclaré à la presse dans son hôpital Panzi de Bukavu (est) où il a reçu le commissaire européen à l’action humanitaire et à la gestion des crises, Christos Stylianides.

Une conférence sous l’égide de l’UE et de l’ONU est annoncée le 13 avril à Genève pour lever 1,7 milliard de dollars en faveur de l’action humanitaire en RDC.

Kinshasa a refusé d’y participer, estimant que le niveau de la crise humanitaire en RDC n’est pas aussi « excessif » que le prétend l’ONU, qui a classé la RDC parmi ses urgences absolues, a déclaré vendredi le Premier ministre par interim, José Makila Sumanda.

« Quand on sait que nos frères du Kasaï (dans le centre de la RDC, ndlr) ont tout perdu, et qu’une famine est annoncée, avec des dizaines de milliers d’enfants qui vont mourir de faim s’il n’y a pas d’aide humanitaire; quand on voit tous les villages détruits en Ituri (…) sans soutien du gouvernement congolais; si le gouvernement congolais en plus de cela refuse à la communauté internationale de lever des fonds pour aider sa population, c’est tout à fait criminel », s’est emporté le docteur Mukwege, l’une des voix de la société civile congolaise.

Son hôpital à Bukavu peut recevoir jusqu’à 450 patientes, dont 200 femmes victimes de viols perpétrés par les miliciens actifs dans les deux provinces du Kivu.

« En 2015, on avait observé une diminution sensible des violences sexuelles. Malheureusement, depuis fin 2016-2017, il y a une augmentation. Le profil des victimes a changé. Le pourcentage d’enfants violées a augmenté et cela nous inquiète beaucoup », a dit le gynécologue, de plus en plus critique envers le régime du président Joseph Kabila.

Certains Congolais voient en lui une personnalité capable de conduire une « transition sans Kabila » jusqu’aux prochaines élections en RDC, prévues le 23 décembre prochain.

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