Moise Katumbi © Reuters

RDC: Moïse Katumbi annonce son départ comme gouverneur du Katanga

Le populaire gouverneur de la riche province du Katanga (sud-est de la République démocratique du Congo), Moïse Katumbi Chapwe, a annoncé qu’il quitterait toute fonction dans la province, à la suite de la loi de découpage territorial du pays en 26 entités, mais sans mettre fin à sa carrière politique, entretenant ainsi le suspense sur son éventuelle candidature à la présidentielle en 2016.

« Dans la vie, il faut apprendre à partir », a-t-il déclaré dimanche à ses administrés lors d’une visite dans la ville minière de Kolwezi (à 520 km de Lubumbashi, le chef-lieu de la province cuprifère) à l’occasion de la journée internationale de la femme, selon la presse kinoise de mardi. Mais sans préciser s’il parlait de lui-même ou du président Joseph Kabila, dont le second mandat expire en décembre 2016.

L’annonce de M. Katumbi, qui gouverne le Katanga depuis janvier 2007 mais en froid avec le président Joseph Kabila, a provoqué la stupéfaction de ses supporteurs. Cette décision ne dépend pas que de lui.

Car le 2 mars, le président Kabila a promulgué la loi de découpage territorial (prévue dans la Constitution de 2006), qui doit diviser les onze provinces de la RDC en vingt-six nouvelles entités, dans un délai de 120 jours. Celle-ci prévoit notamment le démentèlement de l’actuel

Katanga en quatre nouvelles provinces (Tanganyika, Haut-Lomami, Haut-Katanga et Lwalaba). Selon son entourage, M. Katumbi ne briguera pas le nouveau gouvernorat du Haut-Katanga qui, avec Lubumbashi pour chef-lieu, aurait pu être un point de chute, alors que la prochaine élection des gouverneurs et vice-gouverneurs est prévue le 31 janvier 2016.

La presse congolaise prête toutefois à ce riche homme d’affaires, propriétaire du célèbre club de football TP (Tout-Puissant) Mazembe, des ambitions en vue de la prochaine présidentielle, fixée au 27 novembre 2016. M. Katumbi, qui appartient au même parti que M. Kabila, le Parti du Peuple pour la Reconstruction et le Développement (PPRD), ne les a jamais confirmées publiquement. Mais il ne s’est jamais privé de faire entendre une voix discordante au sein de la Majorité présidentielle (MP).

Il avait ainsi, le 23 décembre dernier, lors de son retour à Lubumbashi après plusieurs mois passés en Europe pour des examens de santé à la suite d’un empoisonnement, utilisé une parabole parlant d’un « troisième penalty » pour exclure l’idée d’une révision constitutionnelle qui aurait permis à M. Kabila de briguer un troisième mandat en 2016.

Ces propos – et l’accueil enthousiaste réservé par les Lushois à leur gouverneur – avaient, selon la presse congolaise, provoqué la colère du chef de l’Etat et de son entourage. Les deux hommes se sont rencontrés pendant près de deux heures, le 27 février à Kinshasa. Mais M. Katumbi est resté ferme sur la question du 3ème quinquennat pour le président sortant, assure son entourage.

Selon nombre d’observateurs, le rédécoupage territorial de la RDC est une manoeuvre pour le pouvoir de Kinshasa pour se débarrasser à la fois du gouverneur du Katanga mais aussi du président de l’assemblée provinciale katangaise, Gabriel Kyungu wa Kumwanza, lui aussi critique envers une prolongation du mandat de M. Kabila.

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