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RDC: Militaires et civils fuient Goma

Les rebelles du M23 ont mené ce week-end une offensive majeure jusqu’aux portes de Goma, la capitale régionale du Nord-Kivu, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), provoquant la fuite de chefs militaires et civils congolais dimanche ainsi que l’exode de réfugiés d’un camp voisin.

Les rebelles congolais, qui mènent leur plus forte offensive depuis leur mutinerie en mai dernier dans le Kivu, une région minière limitrophe du Rwanda, ont arrêté leur progression à environ cinq kilomètres du centre de la ville mais ils ont menacé de « prendre » la ville s’ils étaient attaqués par l’armée. En juillet dernier ils étaient arrivés à 30 kilomètres affirmant ne pas vouloir aller plus loin. Selon une source militaire occidentale, un accord serait intervenu pour que les rebelles s’arrêtent à 5 km du centre-ville sur les hauteurs.

Des hélicoptères de l’ONU qui appuient l’armée gouvernementale ont tiré dimanche des roquettes et obus pour tenter d’endiguer l’avancée rebelle vers l’aéroport de Goma, a indiqué un porte-parole des Nations unies à New York.

Le responsable militaire du Mouvement du 23 mars dans ce secteur, le colonel Innocent Kayina, interrogé à son poste de commandement, a déclaré s’arrêter près de Munigi, au nord près de l’aéroport. Mais, « si les FARDC (Forces armées de la RD Congo) nous attaquent, on prendra la ville », a-t-il ajouté. Aucun corps ni aucune trace de combat n’était visible à proximité de Munigi, qui jouxte une base de l’ONU occupée par un bataillon sud-africain.

Le porte-parole de l’armée à Goma, interrogé au téléphone, a démenti le contrôle par le M23 de Munigi et affirmé que les FARDC étaient en position dans cet endroit et aux abords de la ville. Dans la ville même, la situation était calme dans l’après-midi. Aucun tir n’était entendu et « aucun incident majeur » n’a été signalé, a assuré à l’AFP le vice-gouverneur provincial, Feller Lutaichirwa, interrogé par téléphone.

Selon lui, les militaires se sont retirés afin « d’éviter un bain de sang » dans Goma, « ville de déplacés, prise en étau », entre le lac Kivu et la zone occupée jusqu’à présent par le M23. Le porte-parole de la province du Nord-Kivu avait évoqué « une débandade » et dénoncé l’inaction des Casques bleus.

Les Casques bleus étaient intervenus déjà samedi avec des hélicoptères de combat. Mais le M23 a exigé, dimanche matin, que la Monusco « montre » sa neutralité sur le terrain (…) S’ils continuent à nous bombarder, nous allons réagir », a déclaré un porte-parole du mouvement.

Le Conseil de sécurité de l’ONU, réuni samedi soir à New York, a demandé l’arrêt de l’avance de la rébellion vers Goma, et que « tout soutien extérieur et toute fourniture d’équipement au M23 cessent immédiatement ». Kinshasa et l’ONU accusent le Rwanda de soutenir les rebelles, ce que Kigali dément.

Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a appelé samedi le président rwandais Paul Kagame pour lui demander son aide afin de stopper l’avance du M23. La représentante de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, a demandé dimanche aux rebelles de « cesser immédiatement leur offensive militaire » sur Goma. « Tout soutien au M23, en violation du régime de sanctions et de l’embargo sur les armes doit cesser », a-t-elle déclaré dans un communiqué.

Le M23 a été créé début mai dans le Nord-Kivu (est) par des militaires congolais qui avaient pour la plupart combattu au sein de la rébellion pro-rwandaise du Congrès national pour la défense du peuple. Ils ont officiellement intégré l’armée en 2009 après un accord avec le gouvernement de RDC, mais se sont mutinés en avril dernier, arguant que Kinshasa n’avait pas respecté ses engagements.

Ils réclament notamment le maintien de tous les officiers dans leurs grades et refusent le « brassage » que veut leur imposer Kinshasa ce qui les éloignerait de leur zone d’influence dans l’est.

Levif.be avec Belga

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