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RDC: la présidentielle prévue pour novembre 2016

La commission électorale nationale indépendante (Céni) congolaise a publié jeudi un « calendrier électoral global » très attendu dans un contexte d’intense crispation politique, et qui fixe la date de la présidentielle au 27 novembre 2016, mais a averti que la tenue de ce scrutin dépendait de plusieurs « contraintes ».

Après les violences meurtrières de janvier provoquées par la nouvelle loi électorale, la mise en oeuvre effective du calendrier de la Commission électorale nationale indépendante (Céni) prévoyant la tenue de sept élections en moins de deux ans sera au coeur des enjeux politiques des mois à venir. La RDC traverse une crise politique depuis la réélection du président Joseph Kabila en 2011, à l’issue d’un scrutin marqué par des irrégularités massives. Aucune élection n’a eu lieu depuis cette date. L’opposition soupçonne le président, à qui la Constitution interdit de se représenter en 2016, de chercher à retarder la présidentielle pour pouvoir rester en fonction au-delà du terme de son mandat. Député du Mouvement de Libération du Congo (MLC), deuxième force de l’opposition à l’Assemblée nationale, Fidèle Balala, a déclaré à l’AFP craindre qu’en commençant par les élections locales, « le gouvernement puisse dire après qu’on n’a plus d’argent pour organiser les législatives et la présidentielle ». Parlant sous le couvert de l’anonymat, un ministre va plus loin en disant que « l’objectif d’élections comme la Céni l’envisage […] n’est pas tenable ». « Le montant qui est demandé par la Céni est d’environ 1,1 milliard de dollars », mais la République démocratique du Congo a un budget annuel de quelque 9 milliards de dollars et même avec l’aide de la communauté internationale, « nous ne trouverons pas ces moyens », dit-il. Comme en 2006 et en 2011, la prochaine présidentielle doit être couplée aux législatives. En plus de ces élections, le calendrier de la Céni prévoit l’organisation des scrutins en retard: élections des députés provinciaux et élections locales (25 octobre 2015), élections sénatoriales (17 janvier 2016) et des gouverneurs de provinces (31 janvier 2016), ces deux derniers scrutins devant se tenir au suffrage indirect comme l’élection des maires (7 mars 2016). Soit au total plus de 130 « tâches » jusqu’à la tenue de la présidentielle. La communauté internationale demandait cet échéancier depuis longtemps pour décider du soutien financier qu’elle pourrait apporter au processus électoral congolais. Le rapporteur de la Céni, Jean-Pierre Kalamba, assure de son côté que le « calendrier est faisable, pourvu que les fonds soient libérés à la bonne date » et appelle la communauté des donateurs étranger à jouer « aussi sa part ». M. Kalamba a prévenu que la tenue de tous les scrutins dépendrait d’un certain nombre de « contraintes » dont la responsabilité incombe essentiellement au gouvernement. Pour la présidentielle et les législatives, il a cité « l’exécution du plan de décaissement des fonds » ou encore le vote de « la loi de répartition des sièges » des députés sur le territoire national. « Nous espérons […] que les autres parties prenantes feront leur part, notamment le gouvernement et les bailleurs de fonds », a déclaré Christophe Kolomoni, secrétaire national du Parti du peuple pour le reconstruction et la démocratie (PPRD), la formation de M. Kabila. Le projet de révision de la loi électorale avait donné lieu en janvier à des troubles au cours desquelles 27 à 42 personnes, selon les sources, ont été tuées, essentiellement à Kinshasa. Les détracteurs du projet dénonçaient particulièrement une disposition liant la tenue de la prochaine présidentielle aux résultats d’un recensement général devant commencer en 2015 et qui, selon plusieurs analystes, pourrait prendre jusqu’à trois ans dans un pays parmi les plus grands et les moins développés au monde. La nouvelle loi a été adoptée le 25 janvier, expurgée de la disposition contestée, et promulguée jeudi. Elle lie cependant potentiellement la tenue des législatives aux résultats du recensement. Ce scrutin devant avoir lieu avec la présidentielle, certains juristes ou opposants craignent que cette disposition puisse être utilisée pour retarder l’échéance de « l’élection reine ». Pour Josaphat Musamba, chercheur au Centre de recherches et d’études stratégiques en Afrique centrale basé à Bukavu, dans l’est de la RDC, les contraintes pécuniaires seront « une épine dans le pied de la Céni », et comme « toutes les opérations se tiennent », si l’une d’elles « n’est pas faite, les autres sont mises en danger ».

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