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RDC: l’UDPS lance un ultimatum à Kabila

Le principal parti congolais d’opposition, l’Union pour la Démocratie et le Progrès social (UDPS), a lancé vendredi un ultimatum au président Joseph Kabila, l’enjoignant d’entamer d’ici fin novembre le « dialogue national » qui doit mener à l’organisation d’élections présidentielle et législatives en République démocratique du Congo « en septembre prochain » dans un climat apaisé, menaçant d’en appeler à la rue en cas de nouvelle manoeuvre « dilatoire » du pouvoir.

« Pour l’UDPS, dépassé fin novembre 2015, le dialogue risque de devenir sans objet. Auquel cas, le parti et son président (l’opposant historique Etienne Tshisekedi wa Mulumba, ndlr) s’en remettront aux Congolaises et Congolais pour décider de leur destin commun », a affirmé le secrétaire général de l’UDPS, Bruno Mavungu Puati, lors d’une conférence de presse à Bruxelles.

« Notre base se mobilise pour reprendre la rue. Nous n’avons pas d’armée, pas d’argent, nous avons le peuple », a-t-il ajouté tout en assurant que l’UDPS – qualifié par son représentant en Belgique, André Kabanda, de « plus grand parti » de RDC – a toujours « choisi la non-violence ».

M. Mavungu, venu à Bruxelles rencontrer M. Tshisekedi, qui séjourne en Belgique depuis quatorze mois « en convalescence », a rappelé que trois résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU mentionnent un tel dialogue, dont la dernière, la 2211 du 26 mars dernier, préconisant « un dialogue politique transparent et sans exclusive entre toutes les parties prenantes congolaises en vue de favoriser la réconciliation et la démocratisation » sous l’égide d’une médiation internationale – ce que le régime de Kinshasa refuse.

« Nous sommes prêts au dialogue, mais si cela devient une distraction, nous arrêtons », a ajouté le bras droit de M. Tshisekedi, qui n’est plus apparu en public depuis plusieurs mois.

L’UDPS, qui ne cesse de dénoncer l' »illégitimité » de M. Kabila, réélu en 2011 à l’issue de scrutins entachés d’irrégularités, et de proclamer que M. Tshisekedi est « le président élu » de la RDC, a toutefois entamé des « discussions » – auxquelles le parti a mis fin le mois dernier – avec des émissaires du régime.

« Il (M. Kabila) est président de fait, mais il est illégitime », a commenté le secrétaire national chargé des relations extérieures de l’UDPS, Félix Tshilombo Tshisekedi, le fils du vieil opposant.

Les différents responsables du parti, dont son porte-parole, Bruno Tshibala Nzenza, ont rappelé les trois objectifs poursuivis par l’UDPS dans le cadre de cet éventuel « dialogue national »: l’élaboration d’un calendrier électoral réaliste et consensuel, qui tient compte des délais constitutionnels – mais en reportant tous les scrutins autres que la présidentielle et les législatives, prévues en novembre 2016 -, l’organisation d’un « processus électoral crédible » et dans un « climat apaisé » et « le transfert pacifique du pouvoir, dans le respect de l’expression » du peuple congolais.

L’UDPS réclame aussi une « recomposition » de la Commission électorale nationale indépendante (Céni), chargée d’organiser une longue série de scrutins dont les premiers ont déjà « glissé » dans le temps et que le parti considère comme inféodée au pouvoir.

Félix Tshisekedi a justifié le choix de « fin novembre » pour l’ultimatum lancé par l’UDPS pour entamer le dialogue national par l’approche des échéances électorale. « Selon nos experts, novembre c’est le deadline pour réussir à organiser les élections dans les délais constitutionnels », a-t-il dit.

Mais le parti d’opposition souhaite avancer à septembre prochain les élections présidentielle et législatives prévues le 27 novembre 2016 dans un ancien calendrier de la Céni, afin de faciliter le transfert du pouvoir, alors que le second mandat de M. Kabila expire en principe le 19 décembre 2016 à minuit.

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