Joseph Kabila © REUTERS

RDC: Kabila, muet sur les violences et son avenir, juge les élections « irréversibles »

Le président congolais Joseph Kabila a assuré dans son discours de Nouvel An que l’année 2017 avait été celle de la mise en oeuvre du consensus politique obtenu au terme de l’accord du 31 décembre 2016 en vue de l’organisation d’un nouveau cycle électoral qui « conduit de manière irréversible vers l’organisation des élections » le 23 décembre 2018.

« L’année qui s’achève (2017) a aussi été celle de la mise en oeuvre du consensus politique obtenu au terme de l’accord du 31 décembre 2016 en vue de l’organisation d’un nouveau cycle électoral dans notre pays », a-t-il déclaré à l’occasion de son discours de voeux à la nation, diffusé dimanche – mais enregistré – par la radio-télévision nationale congolaise (RTNC) alors que huit personnes trouvaient la mort le même jour en République démocratique du Congo (RDC), lors de manifestations de catholiques contre le maintien au pouvoir du chef de l’Etat.

Joseph Kabila a salué la formation d’un « gouvernement d’union nationale », en mars dernier, et la mise en place du Conseil national de suivi de l’accord et du processus électoral (CNSA) – tous deux dirigés par d’anciens opposants débauchés par le régime.

« Je voudrais saluer le travail de titan abattu par la Commission électorale nationale indépendante (Céni) dans la révision du fichier électoral », a-t-il ajouté, selon la presse kinoise.

Pour lui, l’adoption et la promulgation de la loi électorale aujourd’hui acquise, l’établissement des listes électorales, la répartition des sièges et la convocation des scrutins qui s’en suivront conformément au calendrier électoral publié par la Céni, « nous conduisent de manière irréversible vers l’organisation des élections » – présidentielle, législatives, provinciales et locales prévues pour le 23 décembre prochain.

M. Kabila, au pouvoir depuis janvier 2001 et dont le second mandat constitutionnel s’est achevé le 19 décembre 2016, est toutefois resté muet sur son avenir politique.

L’accord de la Saint-Sylvestre 2016 prévoyait la tenue de la présidentielle au plus tard « fin 2017 ». La Constitution congolaise de 2006 interdit à M. Kabila de se représenter, mais l’autorise à rester au pouvoir jusqu’à l’élection de son successeur.

La Francophonie dénonce des « attaques inqualifiables »

La secrétaire générale de la Francophonie a dénoncé lundi les « attaques inqualifiables et désolantes » contre des fidèles et des citoyens dimanche en République démocratique du Congo (RDC), exhortant les autorités de ce pays à garantir le droit de manifester.

« Mes pensées vont aux familles et aux proches endeuillés, aux blessés, aux personnes incarcérées. Les attaques lancées contre des fidèles rassemblés dans des lieux de culte » et contre « des citoyens (…) voulant que tout soit mis en oeuvre (…) pour préparer sereinement la tenue d’élections crédibles » en RDC « sont inqualifiables et désolantes », a déclaré la secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), Michaëlle Jean, dans un communiqué.

« Participer à une manifestation est un droit fondamental », a-t-elle souligné.

Rappelant « les règles de conduite auxquels les forces de maintien de l’ordre doivent se soumettre dans l’encadrement républicain des manifestations », la secrétaire générale a également exhorté les acteurs politiques et de la société civile de RDC à « préserver le caractère pacifique de leurs revendications ».

Mme Jean avait dès dimanche affirmé sur Twitter condamner fermement « la répression et les violences sanglantes en ce 31 décembre qui augurent d’une Saint-Sylvestre en rupture avec celle de l’accord de l’an dernier pour un dialogue et porteur d’espoir ».

Huit personnes ont trouvé la mort dimanche en RDC et une centaine d’autres ont été arrêtées, en marge de manifestations – à l’appel de catholiques congolais et auxquelles s’étaient associées l’opposition et la société civile – contre le maintien au pouvoir du président Joseph Kabila, dont le mandat a pris fin en décembre 2016.

Dans ce pays majoritairement chrétien, les forces de sécurité ont réprimé des messes dans des églises à coups de gaz lacrymogène, et empêché ces marches qui avaient été interdites par les autorités.

Reynders met en garde les auteurs de la « répression brutale » des manifestations

Le ministre belge des Affaires étrangères, Didier Reynders, a averti les dirigeants congolais que leur responsabilité était engagée dans la « répression brutale » qui a fait au moins huit morts dimanche en République démocratique du Congo (RDC) lors de manifestations contre le maintien au pouvoir du président Joseph Kabila, dont le mandat a pris fin en décembre 2016.

« Avec mes collègues de l’UE nous avions appelé au respect de la liberté d’expression. Face à des événements aussi tragiques, la responsabilité individuelle des auteurs et de ceux qui n’ont pas respecté l’accord du 31/12 (dit de la Saint-Sylvestre, conclu en décembre 2016 entre la Majorité présidentielle et l’opposition et prévoyant un maintien de M. Kabila au pouvoir jusque fin 2017) est engagée », a-t-il affirmé sur Twitter.

Huit personnes ont trouvé la mort dimanche en RDC et une centaine d’autres ont été arrêtées, en marge de manifestations – à l’appel de catholiques congolais et auxquelles s’étaient associées l’opposition et la société civile – contre le maintien au pouvoir du président Kabila, dont le mandat a pris fin en décembre 2016.

L’Union européenne avait condamné le 11 décembre dernier les violations des droits de l’Homme en RDC ainsi que les actes de harcèlement à l’encontre d’acteurs politiques de l’opposition, de représentants des médias et de la société civile, ainsi qu’à l’encontre de défenseurs des droits de l’Homme.

Les ministres européens des Affaires étrangères avaient à cette occasion prolongé d’un an les sanctions visant seize responsables congolais – dont plusieurs ministres et des haut gradés militaires – impliqués, selon elle, dans de « graves violations des droits de l’homme ».

Commentant les manifestations de dimanche, M. Reynders a aussi souligné, toujours sur son compte Twitter, que « de nombreux Congolais souhaitaient se recueillir et se rassembler pacifiquement à Kinshasa, Lubumbashi, Goma… ».

« Ils se sont heurtés à une répression brutale. Plus que jamais, la mise en oeuvre fidèle des accords de la Saint-Sylvestre s’impose », a-t-il déclaré.

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