Le docteur Denis Mukwege. © Belga

RDC: des ONG en appellent aux autorités pour rouvrir l’hôpital du Dr Mukwege

Des ONG du Sud-Kivu, dans l’est de la République démocratique du Congo (§RDC), ont demandé vendredi aux autorités congolaises de débloquer les comptes de l’hôpital de Panzi géré par le célèbre Dr Denis Mukwege afin que les soins reprennent normalement dans cet établissement célèbre pour son aide aux femmes violées.

« Nous demandons aux autorités de trouver une mesure transitoire pour permettre à l’hôpital de fonctionner », a déclaré vendredi le président de la Société civile locale, Descartes Malasi, à l’AFP, s’exprimant au nom de plusieurs associations, syndicats et organisations du Sud-Kivu.

« Il faut privilégier la santé de la population. Les impôts pourront être payés même avec un retard d’un mois », a plaidé M. Malasi. « Il y a une urgence à agir, dans l’intérêt des malades », a souligné de son côté dans un communiqué le médecin directeur de l’hôpital, Dr Mukwege. La veille, il avait déjà qualifié d' »harcèlement » fiscal et d' »injustice » la saisie des comptes de son hôpital par les autorités.

Mercredi à Bukavu, chef-lieu de la province du Sud-Kivu, le personnel de l’hôpital de Panzi, qui n’a pas reçu son salaire de décembre, avait manifesté devant les installations de la Direction générale des impôts (DGI) pour protester contre la saisie des comptes de leur établissement le 31 octobre. L’hôpital devait passer en justice le 18 novembre, mais l’audience n’a pas eu lieu en raison d’une grève des magistrats.

Pour l’établissement, la décision de la DGI est une violation de « droit à la santé pour les malades, dont le droit à la vie est mis en péril à défaut d’approvisionnement en médicaments et autres fournitures nécessaires pour prodiguer des soins ». Implanté à Bukavu, l’hôpital de Panzi compte quelque 500 employés et est spécialisé dans la prise en charge des femmes victimes de violences sexuelles.

Son fondateur, le Dr Mukwege, a reçu en novembre le prix Sakharov du Parlement européen pour son engagement en faveur des victimes de viols dans l’est de la RDC, en proie à une instabilité chronique depuis vingt ans.

De Croo demande de renoncer à la taxe

Le ministre de la Coopération au développement, Alexander De Croo, a appelé vendredi le gouvernement congolais à renoncer à réclamer la taxe mensuelle de plus de 40.000 euros (50.000 USD) dont doit s’acquitter l’hôpital de Panzi.

Les autorités congolaises ont invoqué une nouvelle réglementation sur le revenu professionnel entrée en vigueur fin octobre en invoquant un effet rétroactif pour justifier la saisie des comptes. Selon M. De Croo, cette « taxe menace les soins apportés aux victimes de viol » par l’hôpital de Panzi, alors qu’aucun autre hôpital public ne serait soumis à cette taxation.

« Avec la nouvelle taxation de plus de 40.000 euros par mois, les soins et le travail du Dr. Mukwege à l’hôpital de Panzi sont menacés. Les comptes de l’hôpital ont été saisis et la direction ne peut plus payer les salaires des 500 membres du personnel soignant que compte l’hôpital », a affirmé le ministre de la Coopération dans un communiqué. M. De Croo (Open Vld) s’est aussi dit « inquiet » pour la survie de l’hôpital Panzi et a donc appelé le gouvernement congolais « à abandonner cette taxe ».

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