Etienne Tshisekedi wa Mulumba. © Belga

RDC : décrispation à Kinshasa après la mort de Tshisekedi ?

Olivier Rogeau
Olivier Rogeau Journaliste au Vif

Orpheline de son leader historique, décédé à l’âge de 84 ans à Bruxelles, l’opposition congolaise parviendra-t-elle à rebondir, alors que la situation politique est toujours bloquée à Kinshasa ?

Le « grand baobab » est tombé. Affaibli par la maladie et les âpres tractations politiques de ces dernières semaines à Kinshasa, Etienne Tshisekedi, chef de file de l’opposition, s’est éteint à la clinique Sainte-Elisabeth à Bruxelles, emporté par une embolie pulmonaire. De 2007 à 2010, puis de 2014 à 2016, les ennuis de santé de l’opposant historique et ancien Premier ministre l’avaient déjà éloigné de son pays, avant un retour triomphal à Kinshasa, en juillet dernier.

Président inamovible de l’UDPS, parti profondément divisé par des années de boycottage des institutions, « l’inflexible » disparaît alors que la situation politique en RDC reste bloquée. Faut-il s’attendre à un sursaut, après les funérailles officielles annoncées par le gouvernement ? A Kinshasa, les commentateurs politiques estiment qu’une nouvelle ère s’ouvre, pleine d’incertitudes. Question du jour : qui prendra le leadership du Rassemblement, la coalition de l’opposition, regroupement où les ambitions risquent de s’affronter ?

Le vieux « sage » de Limete laisse un grand vide à la fois à la tête de son parti, à celle du Rassemblement et à celle du Conseil national de suivi de l’accord de la Saint-Sylvestre. Cet accord, obtenu grâce à la médiation des évêques congolais, a scellé un compromis politique entre la majorité présidentielle et le Rassemblement de l’opposition. Le président Kabila, dont le second et dernier mandat a expiré le 19 décembre dernier, a obtenu de rester en fonction jusqu’aux prochaines élections. En contrepartie de ce « bonus », qui ne doit en principe pas dépasser une année, le chef de l’Etat a accepté de ne pas être candidat à sa propre succession et de confier le poste de Premier ministre à un représentant de l’opposition.

Reste à s’entendre sur les modalités pratiques de la mise en oeuvre de l’accord. Et c’est là cela coince : sans surprise, les négociations pour les postes ministériels se sont enlisées. En outre, le Rassemblement de l’opposition veut désigner lui-même l’homme qui décrochera la Primature, tandis que les partisans de Kabila assurent que c’est au chef de l’Etat de choisir le Premier ministre, sur une liste de cinq personnalités soumise par l’opposition. A ce stade, Kabila a une longueur d’avance sur ses adversaires : il a gagné du temps et préservé ses positions, restant en place jusqu’aux prochaines élections. L’opposition, en revanche, doit encore négocier la concrétisation de ses propres acquis. Sans l’aide de celui qui veillait, jusqu’ici, à préserver certains principes.

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