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« Ramenez mon fils de Turquie », plaide le père de Loup Bureau

Le Vif

« Monsieur Le Drian, ramenez mon fils de Turquie »: avant le déplacement officiel du ministre français des Affaires étrangères à Ankara, le père du journaliste Loup Bureau le conjure de mettre fin à cinquante jours d’une détention « inacceptable ».

« Nous attendons avec espérance que Jean-Yves Le Drian revienne de Turquie avec un souvenir, mon fils Loup », témoigne son père Loïc Bureau à son domicile d’Orvault, dans la banlieue de Nantes (ouest), reprenant le slogan d’une campagne lancée dimanche sur Twitter par le comité de soutien au journaliste de 27 ans, détenu en Turquie depuis le 26 juillet.

« Dès le début de l’affaire, les autorités diplomatiques m’avaient dit que plusieurs mois ce serait inacceptable. Ça l’était déjà pour moi dès le début, mais là on arrive à deux mois et si je prends la définition qu’on m’a donnée, on rentre dans l’inacceptable », expose calmement M. Bureau.

« S’il n’y a aucune évolution avec la visite de M. Le Drian, il va falloir changer de braquet (…) Il n’est pas question d’attendre cinq mois, ils doivent libérer mon fils », souligne cet enseignant en histoire-géographie dans un lycée.

Loup Bureau a été interpellé le 26 juillet à la frontière entre l’Irak et la Turquie, après que des photos le montrant en compagnie de combattants kurdes syriens des YPG (un mouvement considéré comme une organisation « terroriste » par Ankara) ont été trouvées en sa possession.

Le président français Emmanuel Macron s’est entretenu à deux reprises en août avec son homologue turc Recep Tayyip Erdogan pour demander sa libération.

Des milliers de cartes postales

Loic Bureau
Loic Bureau © Belga

La justice turque a pourtant confirmé la semaine dernière le refus de la demande de libération conditionnelle du journaliste, détenu pour soupçon d’appartenance à « une organisation terroriste armée ». « C’est une situation ubuesque, difficile pour lui à accepter », affirme Loïc Bureau. Dimanche, il a pu parler au téléphone avec son fils, comme tous les quinze jours. « Il y a toujours quelque chose d’un peu déprimant pour moi dans ces appels. C’est d’abord très rapide: deux cartes internationales de cinq minutes. Ensuite, je lui demande des nouvelles mais je vois bien que ce qu’il veut ce sont des informations sur l’extérieur, c’est son obsession », confie-t-il.

« J’essaye de lui apporter tous les éléments pour lui apporter confiance: les interviews, les reportages qui paraissent dans la presse, les personnes qui prennent position en sa faveur, tout ce qui peut lui apporter un peu de baume au coeur. Je lui ai annoncé le déplacement de Jean-Yves Le Drian, évidemment on a un espoir autour de ça », poursuit le père de Loup Bureau.

« Je ne peux pas lui dire autre chose que tout ce qui est fait »: les rassemblements de soutien organisés ces dernières semaines, ainsi qu’une opération massive d’écriture de cartes postales en turc samedi à Bruxelles et Nantes, avec des messages exprimant « courage » et « liberté », qui seront envoyées à la prison turque où est détenu Loup Bureau. « Notre objectif est d’en envoyer plusieurs milliers, de partout. Ces cartes finiront peut-être par lui parvenir et s’il en reçoit 50 par jour, ça va lui faire une vraie distraction pour la journée », espère Loïc Bureau. « C’est aussi un message aux autorités locales sur le fait que la détention de Loup n’est pas considérée comme normale à l’étranger », lance-t-il.

Les organisations de défense de la liberté de la presse dénoncent des atteintes régulières de la part des autorités turques. La Turquie occupe la 155e place sur 180 au classement 2017 de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières (RSF).

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