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Qui est Robert Bowers, l’auteur de la fusillade à Pittsburgh?

Le Vif

Il voulait tuer les juifs, des « enfants de Satan » qu’il accusait de soutenir les migrants: les informations qui ont émergé depuis samedi sur le suspect de la tuerie de la synagogue de Pittsburgh brossaient le tableau d’un suprématiste blanc adepte d’armes à feu, mais qui n’était jusque-là jamais passé à l’acte.

Richard Bowers, un homme blanc de 46 ans, inculpé samedi de 29 chefs d’accusation qui lui font risquer la peine de mort, n’avait pas de casier judiciaire, selon les autorités, même s’il avait eu des « contacts » avec la police de son quartier au sud de Pittsburgh, notamment pour des problèmes d’immatriculation de son véhicule.

Mais avant de faire irruption samedi avec un fusil d’assaut semi-automatique et armes de poing dans une synagogue de Pittsburgh en disant vouloir « tuer des juifs », il avait affiché sur le réseau social Gab de multiples messages antisémites, qualifiant les juifs d' »enfants de Satan », selon les messages retrouvés sur son compte par le site SITE, spécialisé dans la surveillance des organisations extrémistes.

Dans ses messages sur Gab, un site prisé de l’extrême-droite dont les autorités ont annoncé la fermeture, Robert Bowers reprochait notamment au président Trump, dont la fille Ivanka s’est convertie au judaïsme, d’être « trop proche des juifs » et d’être « un mondialiste, pas un nationaliste ».

Plusieurs de ses messages ciblaient aussi l’organisation HIAS, une ONG juive de soutien aux réfugiés.

« HIAS aime amener des envahisseurs pour tuer les nôtres. Je ne peux pas rester assis et voir les miens se faire massacrer, j’y vais », a-t-il écrit le jour de l’attaque.

Il avait aussi partagé une vidéo contenant des images montrant apparemment l’organisation travaillant à la frontière mexico-américaine, selon CNN.

Une quinzaine de jours avant l’attaque, il avait aussi partagé une page web de HIAS dans laquelle l’organisation annonçait une série d’offices dédiées aux réfugiés pour le chabbat – dont l’une se tenait dans une synagogue proche de la synagogue visée.

Il disait aussi dans un message « aimer » que certains qualifient d' »envahisseurs » les milliers de migrants d’Amérique centrale qui marchent actuellement depuis le Honduras vers la frontière séparant le Mexique des Etats-Unis.

Cet homme qui vivait seul dans un appartement de la banlieue sud de Pittsburgh, à une quinzaine de kilomètres de la synagogue attaquée, avait aussi le goût des armes à feu, alors que la tuerie a immédiatement relancé la controverse sur leur contrôle.

Bowers, détenteur d’un permis de port d’armes, en avait au moins acheté six depuis 1996, selon CNN. Il avait notamment posté sur Gab une photo de sa « famille » de pistolets Glock – trois coffrets avec chacun armes et munitions, en soulignant leurs caractéristiques techniques.

Les trois pistolets utilisés samedi dans la synagogue étaient des Glock, a indiqué dimanche le procureur fédéral Scott Brady, sans cependant préciser s’il s’agissait de ceux dont la photo avait été mise en ligne.

La police a perquisitionné son appartement, son véhicule, et interrogé ses voisins. Les autorités n’ont rien voulu dire dimanche de ce qu’elles avaient retrouvé, indiquant qu’elles continuaient à passer au peigne fin ses comptes sur les réseaux sociaux, les caméras de vidéosurveillance, et à interroger de possibles témoins.

Selon plusieurs de ses voisins interrogés par le Pittsburgh Post-Gazette, Bowers était camionneur, parlait peu, restant parfois des jours entiers sans sortir de chez lui.

« Si seulement j’avais su ce qui se passait dans sa tête », a déploré un voisin, Charles Hall. « Si seulement on avait eu une sorte d’avertissement ».

D’autres étaient sous le choc, n’ayant jamais rien remarqué de suspect. M. Bowers les prévenait parfois lorsque l’un d’entre eux oubliait de fermer la porte de son garage.

« J’ai du mal à croire qu’il ait pu faire cela », a indiqué Terry Choate. « J’aimerais savoir ce qui a pu le faire agir de la sorte. »

Robert Bowers était toujours hospitalisé dimanche, après avoir subi de multiples blessures dans la fusillade avec les forces de l’ordre.

La police a indiqué qu’il avait été opéré, et restait hospitalisé dans un état stable.

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