© Reuters

Qui est le cerveau autoproclamé des attentats du 11 septembre ?

A 47 ans, Khaled Cheikh Mohammed, originaire du Pakistan, comparaît devant un tribunal de Guantanamo pour les attentats dont il revendique la parternité et qui ont secoué l’Amérique le 11 septembre 2001.

Arrogant et volontiers provocateur, Khaled Cheikh Mohammed, 47 ans, comparaît samedi devant un tribunal de Guantanamo. Il a voué sa vie au jihad anti-occidental, imaginant le complot du 11-Septembre, dont il revendique fièrement la paternité « de A à Z ».

Né le 14 avril 1965 au Koweit et issu d’une famille modeste originaire du Pakistan, Khaled Cheikh Mohammed, mieux connu sous ses initiales anglaises « KSM », adhère dès l’âge de 16 ans au mouvement des Frères musulmans où il assoit son idéologie radicale. Il développe sa haine des Etats-Unis en Caroline du Nord (sud-est), où il a suivi trois ans d’études, d’où il sort en 1986 avec un diplôme d’ingénieur mécanique. Aux Etats-Unis, « il vit dans un cercle très fermé d’Arabes originaires du Koweit », raconte l’un de ses biographes Richard Miniter.

Rencontre avec Ben Laden

De petite taille, le Pakistanais, aux visions résolument anti-israéliennes, en veut au « grand Satan » américain pour sa politique favorable à Israël. « Son expérience limitée et négative des Etats-Unis, qui comprend un passage en prison pour des factures impayées, a certainement contribué à le propulser sur le chemin du terrorisme », selon un rapport du renseignement américain. Attiré par le jihad anti-soviétique en Afghanistan, il se rend dans le nord du Pakistan où, selon le rapport de la commission américaine du 11-Septembre, il rencontre le chef islamiste Abdoul Rasoul Sayyaf, qui devient son mentor. Son grand frère occupait une position de haut rang dans le jihad et son niveau d’études « lui donne une grande valeur » aux yeux des islamistes qui l’enrolent dans leurs rangs, selon l’auteur de « Mastermind ». Selon la commission du 11-Septembre, il reste en Afghanistan jusqu’en 1992, puis part combattre les Serbes en Bosnie.

Son expérience limitée et négative des Etats-Unis, qui comprend un passage en prison pour des factures impayées, a certainement contribué à le propulser sur le chemin du terrorisme
Devenu fonctionnaire au Qatar, il participe au financement du premier attentat contre le World Trade Center, organisé en 1993 par son neveu, Ramzi Youssef, causant la mort de six personnes et faisant un millier de blessés. C’est là qu’il attire l’attention d’Oussama ben Laden. « Ben Laden réalise que ce petit homme difficile était absolument essentiel pour transformer Al-Qaïda en une organisation majeure », raconte Miniter. Ce père de six enfants, qui vivent aujourd’hui dans la pauvreté avec sa femme en Iran, s’implique alors rapidement dans chaque attentat ou tentative importante d’Al-Qaïda Il envisage de faire sauter douze avions de ligne américains au-dessus du Pacifique: c’est le « complot Bojinka », découvert lorsqu’un incendie ravage l’une des planques d’Al-Qaïda.

« Arrogant, vaniteux, colérique »

En 1996, il rencontre Oussama ben Laden en Afghanistan et lui parle, selon des témoins, du plan qui allait devenir celui du 11 septembre 2001. Pour lui, le choix des tours jumelles de Manhattan est évident: il faut réussir là où son neveu a échoué trois ans plus tôt. Selon de nombreux experts du renseignement, il n’est pas possible qu’un seul homme ait été au centre de tous ces complots. « C’est un homme de toute évidence très intelligent mais ce n’est pas un génie, et il n’a pas fait l’impossible », dit à Terry McDermott, co-auteur de The Hunt for KSM avec Josh Meyer. On l’appelait « muktar », « le cerveau », dans les milieux jihadistes, selon Richard Miniter. L’homme, « arrogant et vaniteux » selon ses biographes, volontiers « colérique », aurait décapité « de sa main droite bénie » le journaliste du Wall Street Journal Daniel Pearl enlevé au Pakistan en 2002.

Après une longue traque, il est arrêté en 2003, « trahi pour de l’argent par un ami de longue date », selon M. McDermott. Détenu « de haute valeur » depuis 2006 à Guantanamo, après trois ans dans une prison secrète de la CIA, il a subi 183 séances de simulation de noyade et d’autres techniques d’interrogatoire musclées, selon un rapport de la CIA. « Comédien » et volontiers provocateur, il avait lancé un avion en papier dans la salle d’audience lors de sa première comparution en 2008. « Je suis responsable de l’opération 9/11 de A à Z », avait avoué fièrement le prisonnier, qui veut mourir en « martyr » pour la guerre sainte.

LeVif.be avec L’Express

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire