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Quelque 3.800 migrants évacués des rues de Paris

Plus de 3.800 migrants ont été évacués vendredi de leur campement du nord-est de Paris, pour être conduits dans des centres d’hébergement en Ile-de-France, une opération record dans la capitale, menée dans la foulée du démantèlement de la « Jungle » de Calais.

Sac sous le bras, les uns se brossant les dents sur un bout de trottoir, les autres déjà prêts à monter dans un bus: Soudanais, Afghans et Érythréens notamment ont été réveillés avant 06H00 pour quitter le campement, situé aux stations de métro Stalingrad et Jaurès, et devenu le plus gros bidonville de France après la fin de la « Jungle ».

Les derniers bus sont partis peu après midi, emmenant les derniers des « 3.852 » migrants évacués au total, selon les chiffres de la préfecture d’Ile-de-France. Derrière eux: tentes, matelas, déchets…

« Ça fait un mois que j’étais ici dans une tente, c’est bien de partir », explique Khalid, 28 ans, qui n’a « aucune idée de où on va ».

Mohamed Mardi, un Soudanais de 28 ans, est arrivé d’Italie la veille après avoir reçu « des coups de fil ». « Nous avons traversé la mer pour une raison, je veux juste un endroit calme pour vivre ».

Alors que la recherche des hébergements a relevé de la gageure jusqu’à la dernière minute, la ministre du Logement, Emmanuelle Cosse, a assuré que l’Etat « a les places pour héberger tout le monde ».

« À l’heure à laquelle je vous parle, il n’y a plus de problème humanitaire à Calais, il n’y en a plus non plus à Paris », s’est félicité le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, précisant qu’un peu plus de 7.000 migrants ont été pris en charge lors du démantèlement de la « Jungle », entamé le 24 octobre et achevé jeudi.

En déplacement à Marseille, le Premier ministre Manuel Valls a affirmé que le gouvernement, sous les critiques de la droite sur ce dossier à quelques mois de la présidentielle, « assume ses responsabilités » face à « la question migratoire, à Paris comme à Calais ».

Vendredi matin, près de 600 membres des forces de l’ordre étaient mobilisés pour cette opération visant à orienter plusieurs centaines de personnes vers 74 centres d’hébergement en Ile-de-France et des gymnases.

Cependant, à Maurepas, dans les Yvelines, des élus opposés à l’accueil de migrants dans un gymnase réquisitionné ont manifesté et obtenu leur réorientation vers un autre local de la commune. Pour la mairie, l’État doit « mieux s’organiser » et « cesser les réquisitions sous 48 heures ».

« Aujourd’hui a lieu la mise à l’abri et le démantèlement du campement le plus grand que nous ayons connu », a relevé la maire PS de Paris Anne Hidalgo. Même si la France est plutôt épargnée par la crise migratoire qui frappe l’Europe depuis 2015, une trentaine d’évacuations ont été menées dans la capitale depuis plus d’un an.

Pour éviter ces évacuations à répétition, la ville de Paris, qui a pris en charge vendredi 450 personnes vulnérables (mineurs, familles, femmes isolées), selon la maire, a annoncé l’ouverture dans les prochains jours du « centre d’accueil humanitaire » pour migrants prévu dans la capitale.

Il ouvrira ses portes « dans les jours qui viennent », selon la ministre Emmanuelle Cosse. « Je l’espère dès la semaine prochaine », a confirmé Mme Hidalgo.

Démantelé à plusieurs reprises, le campement de Stalingrad s’était reconstitué rapidement au cours des dernières semaines.

Avant l’opération de vendredi, près de 20.000 prises en charge avaient été faites par les pouvoirs publics.

Cette fois encore, les migrants s’étaient installés dans une myriade de tentes ou à même le sol, dans des conditions sanitaires et humaines dégradées.

Depuis juin 2015, les campements se sont régulièrement reconstitués dans les quartiers proches de la gare du Nord, alimentés par des arrivées depuis la Méditerranée et des aller-retours avec Calais.

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