Quelles sont les places emblématiques des dernières contestations?

Le Vif

La place de Khartoum située devant le QG de l’armée est depuis le 6 avril l’épicentre de la contestation qui a abouti à la destitution du président soudanais Omar el-Béchir. Quelques exemples de places emblématiques de soulèvements populaires ces dernières années.

– Tahrir (Le Caire) –

La place Tahrir au Caire
La place Tahrir au Caire © REUTERS

Épicentre de la révolte égyptienne contre la présidence d’Hosni Moubarak, la place Tahrir, au coeur du Caire, a accueilli début 2011 des centaines de milliers de manifestants avant et après la démission du dirigeant le 11 février. La répression du soulèvement a fait au moins 850 morts.

A deux pas du Nil, Tahrir (la place de la Libération) sera le théâtre de scènes de liesse après le départ de celui qui dirigeait l’Egypte depuis près de trente ans. La place redeviendra deux ans plus tard le foyer de l’opposition à son successeur, l’islamiste Mohamed Morsi, finalement destitué par l’armée.

– Maidan (Kiev) –

Place Maïdan (Ukraine) : une manifestation progouvernementale et proeuropéenne, en février 2015.
Place Maïdan (Ukraine) : une manifestation progouvernementale et proeuropéenne, en février 2015.© NIELS ACKERMANN/PHOTO NEWS

La place de l’Indépendance, dans le centre de Kiev, est devenue le symbole de l’opposition au pouvoir du président ukrainien Viktor Ianoukovitch. Occupé de novembre 2013 à février 2014, le lieu est désigné tout simplement par Maïdan (« la place »). Plus de 100 personnes y trouveront la mort en trois jours lors de l’assaut du 18 février par les forces de l’ordre.

Actif jour et nuit, défendu par des barricades, le Maïdan constitue un campement auto-géré avec ses dizaines de tentes, dans une ambiance festive. Défiguré par les affrontements, le Maïdan ressemble aujourd’hui à un mausolée, recouvert de fleurs, de photos de victimes, de bougies et de chapelets.

– Taksim (Istanbul) –

Place Taksim
Place Taksim © REUTERS

Au centre d’Istanbul, la place Taksim voit éclater le 31 mai 2013 la première grande contestation antigouvernementale en Turquie depuis l’arrivée au pouvoir de l’islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan en 2002. Pendant trois semaines, deux à trois millions et demi de personnes manifestent dans 80 villes.

Taksim (dont le nom, qui signifie la Division, vient de la division des canalisations d’eau dont la place est le centre) borde le parc Gezi que la municipalité, tenue par le parti au pouvoir, prévoit de supprimer. Plusieurs centaines d’opposants y sont délogés par la police le 31 mai 2013, provoquant l’afflux de milliers de militants et de violents heurts avec les forces de l’ordre. Les affrontements font huit morts et plus de 8.000 blessés dans le pays.

– La Perle (Manama) –

La place de la Perle, au centre de la capitale du Bahrein, Manama, a été l’épicentre en 2011 de la contestation contre le régime monarchique sunnite. Elle tirait son nom d’un monument de six piliers supportant une perle, en référence au passé perlier du petit royaume et aux six Etats membres du Conseil de coopération du Golfe.

Le 14 février 2011, des manifestants s’y sont rassemblés pour demander des réformes et une meilleure représentation politique de la majorité chiite dans ce pays gouverné par une monarchie sunnite. Ils en seront chassés par la force le 16 mars, et le célèbre monument sera rasé.

– Tiananmen (Pékin) –

Quelles sont les places emblématiques des dernières contestations?
© AFP

Symbole du pouvoir communiste, la place Tiananmen (Porte de la paix céleste, l’une des entrées de l’ancienne Cité interdite des empereurs chinois) reste depuis 1989 indissociable de la répression du « Printemps de Pékin ».

La contestation est née le 15 avril 1989 après la mort du populaire Hu Yaobang, ancien secrétaire général du Parti Communiste limogé deux ans plus tôt. Elle rassemble des étudiants, des intellectuels et des ouvriers qui dénoncent la corruption et réclament des réformes démocratiques. Au plus fort de la révolte, les manifestations atteindront jusqu’à un million de personnes.

Dans la nuit du 3 au 4 juin, la troupe et les chars écrasent le mouvement, faisant près de 300 morts, selon les chiffres officiels, et au moins 1.300 selon Amnesty International.

Par ailleurs, d’autres lieux sont devenus emblématiques de mouvements plus sociaux que directement politiques.

La Puerta del Sol, à Madrid, a vu la naissance en mai 2011 du mouvement des Indignés qui a entraîné un séisme politique en Espagne.

Autre symbole de protestation, le Parc Zuccotti, à côté de la Bourse de New York, où quelques centaines de personnes du mouvement Occupy Wall Street s’installent durant deux mois à l’automne 2011, conspuant la haute finance.

Parc Zuccotti à New York
Parc Zuccotti à New York© Reuters

A Paris, la place de la République accueille chaque soir au printemps 2016 les manifestants du mouvement Nuit Debout, en marge d’une contestation syndicale d’une réforme du code du travail.

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