Thierry Fiorilli

« Que 2019 soit une année solaire »

Thierry Fiorilli Journaliste

Ni Mondial ni Euro ni Jeux olympiques. Il faudra attendre l’an prochain pour que les ors des athlètes crèvent à nouveau les ombres enveloppant les pays dont ils sont les meilleurs représentants désormais, si l’on en croit les applaudimètres modernes : sondages de popularité, nombre d’abonnés sur les réseaux sociaux, moyennes salariales, taille des foules les acclamant, vocabulaire utilisé pour les louer, les remercier, les courtiser…

Pour autant, le calendrier 2019 prévoit d’homériques compétitions. Mais hors des stades. Le 26 mai, l’Europe renouvelle ainsi son Parlement, avec les partis nationalistes, ou d’extrême droite, ou populistes, ou all inclusive, comme grands favoris. En Belgique, ce dimanche-là réquisitionnera aussi pour des élections fédérales et régionales.

Fameux défis. Aux enjeux infiniment plus cruciaux, pour l’ensemble des habitants de ce pays et de ce continent, qu’une Coupe du monde ou que des olympiades. Infiniment plus aussi que ceux des précédentes élections similaires, au printemps 2014 : depuis, pratiquement partout où les citoyens ont eu à se rendre aux urnes, en Europe, en Asie et en Amérique, ont émergé des candidats vantant la suprématie ou la priorité d’une frange de l’humanité sur toutes les autres. Des candidats prêchant le rejet, la discorde, l’égocentrisme, le bonheur derrière les chevaux de frise, la prospérité entre les miradors, la liquidation du modèle qui a permis aux Etats membres de l’Union européenne de vivre en paix, sans guerre donc, depuis septante-quatre ans.

u003cstrongu003eParmi les ombres enveloppant nos pays subsistent des lumières. A tous les étages de notre société. u003c/strongu003e

(Re)mis en selle par les attentats islamistes sans frontières, par les répliques du séisme socio- économique mondial de 2008, par les scandales politico-financiers et la manipulation des réseaux sociaux, ces candidats-là ont, en cinq ans seulement, tout écrasé sur leur passage.

Presque tout. Parce que des lumières subsistent. A tous les étages de notre société. Aux élections d’octobre dernier, en Belgique, au niveau communal, et côté francophone surtout, c’est bien un vote positif, d’engagement solidaire et planétaire qui a dominé. Par la suite, si le gouvernement fédéral est tombé, c’est bien sur une question de valeur, de dignité, d’honneur même (sur le dossier migratoire) rappelant aussi qu’une coalition, en démocratie, est, par définition, par essence, susceptible d’éclater sur un dossier plus sensible que les autres. Sans pour autant signifier l’échec total d’une mission ou d’une équipe. On a vu aussi l’an dernier davantage de citoyens aider des migrants que les traquer. On a vu des centaines de milliers de personnes manifester leur résolution à ne pas rester bras ballants devant l’urgence socio-économico-environnementale. On a vu les modes de consommation évoluer de façon toujours plus responsable, les discriminations faites aux femmes de plus en plus combattues, des revendications sociales entendues et des modèles de bonne gouvernance installés.

Rien n’est acquis, mais rien n’est perdu. Et, comme l’illustre notre premier dossier de 2019, rien ne doit être oublié : ainsi, la Grèce antique était déjà confrontée à la plupart des périls qui sont les nôtres aujourd’hui. Le sort réservé au  » barbare « , le poison des intox, le fossé entre population et classes dirigeantes, l’idée que le bien-être passe par la possession matérielle… Les solutions avancées alors se révèlent tout à fait réutilisables aujourd’hui. Et souvent bien plus lumineuses, jusqu’au sens humaniste du terme, que celles prônées par les semeurs actuels de divisions. De quoi vous (nous) souhaiter une année la plus solaire possible.

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