Mehdi Nemmouche. © BELGAIMAGE/Benoît Peyrucq

« Quand Nemmouche ne chantait pas, il torturait »

Le Vif

Un ex-otage français en Syrie, le journaliste Nicolas Hénin, a révélé samedi que Mehdi Nemmouche, le jihadiste français auteur présumé de la fusillade au Musée juif de Bruxelles, avait été l’un de ses geôliers pendant sa détention.

L’information a été recueillie, selon une source policière, lorsque les quatre journalistes français otages en Syrie libérés en avril – Nicolas Hénin, Pierre Torrès, Didier François et Édouard Élias- ont reconnu Nemmouche sur des photos après son arrestation fin mai.

Elle devait rester secrète, mais l’hebdomadaire Le Point, employeur de Nicolas Hénin, a publié des extraits de son témoignage « glaçant » après que Le Monde a révélé que Nemmouche « aurait été l’un des geôliers des otages occidentaux détenus » en Syrie par l’Etat Islamique (EI).

Le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve, sans entrer dans les détails, a confirmé que les services avaient « transmis à la justice des éléments laissant à penser qu’il (Nemmouche) aurait pu être le geôlier de nos otages » dès que les autorités ont été en possession de ces informations.

« C’est à la justice de faire son travail. Ce funeste personnage doit être jugé, il le sera, » a poursuivi le ministre.

Dans les premiers extraits de son témoignage, Nicolas Hénin décrit un Nemmouche « membre d’un petit groupe de Français dont la venue terrorisait la cinquantaine de prisonniers syriens détenus dans les cellules voisines. Chaque soir, les coups commençaient à pleuvoir dans la salle dans laquelle j’avais moi-même été interrogé ». « La torture durait toute la nuit, jusqu’à la prière de l’aube. Aux hurlements des prisonniers répondaient parfois des glapissements en français », ajoute-t-il.

« Quand Nemmouche ne chantait pas, il torturait », écrit le journaliste, dont le récit évoque selon Le Point un geôlier « égocentrique et affabulateur pour qui le djihad n’est finalement qu’un prétexte pour assouvir sa soif maladive de notoriété. Un jeune homme paumé et pervers ».

Marie-Laure Ingouf, avocate de Nicolas Hénin, a confirmé à l’AFP que « Nemmouche était un de ses geôliers ». « Tous les otages le confirment. Ils ont vécu avec lui pendant plusieurs mois, » a-t-elle dit.

Le tueur présumé du musée juif de Bruxelles s’est « occupé » du journaliste entre juillet et décembre 2013, selon Le Point. Peu après la libération des quatre journalistes français, le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius avait indiqué que certains de leurs geôliers s’exprimaient en français.

En France, une enquête préliminaire a été ouverte par le parquet de Paris, en 2013, pour « enlèvement et séquestration en relation avec une entreprise terroriste » suite à l’enlèvement des journalistes français en Syrie. Une autre l’a été après l’arrestation de Mehdi Nemmouche pour « assassinat, tentative d’assassinat, détention et transport d’arme en lien avec une entreprise terroriste ».

Belga

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