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Trump dévoile son plan pour le Moyen-Orient: jubilation de Netanyahu, colère des Palestiniens

Le Vif

Le président américain Donald Trump a dévoilé mardi un plan de paix pour le Moyen-Orient qui accorde à l’Etat hébreu nombre de concessions et a été rejeté avec véhémence par les autorités palestiniennes.

Depuis les salons de la Maison Blanche, il a vanté, sur une tonalité résolument optimiste, un projet « gagnant-gagnant » avec une solution réaliste à « deux Etats ».

Mais il a surtout donné des gages à son « ami » Benjamin Netanyahu, debout tout sourire à ses côtés, parmi lesquels la reconnaissance de Jérusalem comme « capitale indivisible ».

Si le Premier ministre israélien a salué « une journée historique », le président palestinien Mahmoud Abbas, qui a refusé ces derniers mois les offres de dialogue du tempétueux président, a affirmé que le plan ne passerait pas. « Il est impossible pour n’importe quel enfant, arabe ou palestinien, d’accepter de ne pas avoir Jérusalem » comme capitale d’un Etat palestinien, a-t-il lancé.

Le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, enclave palestinienne de deux millions d’habitants séparée géographiquement de la Cisjordanie, a aussi rejeté la proposition américaine.

Benjamin Netanyahu et Donald Trump
Benjamin Netanyahu et Donald Trump© MANDEL NGAN / AFP

Après l’annonce de ce plan, au moins 13 Palestiniens ont été blessés mardi soir dans des heurts avec les forces israéliennes en Cisjordanie occupée, selon le Croissant-Rouge palestinien.

Mais affichant son optimisme sur le devenir de ce projet « très détaillé », le locataire de la Maison Blanche a estimé qu’il pouvait permettre de faire « un grand pas vers la paix ».

Parmi les nombreux points sensibles de ce plan, figure la reconnaissance de l’annexion par Israël à son territoire des colonies qu’il a implantées en Cisjordanie occupée, en particulier dans la vallée du Jourdain.

Cette zone est « vitale » pour Israël, a martelé M. Netanyahu, tandis que l’ambassadeur des Etats-Unis David Friedman affirmait que l’Etat hébreu pouvait annexer ses colonies « sans attendre ».

« Dernière chance »

Un futur Etat palestinien sur ces tracés serait nettement en-deçà de ce à quoi aspirent les Palestiniens, à savoir la totalité des Territoires occupés depuis 1967 par Israël.

Peu après l’allocution présidentielle, l’ONU a d’ailleurs souligné qu’elle s’en tenait aux frontières définies en 1967.

Le futur Etat palestinien ne verrait le jour que sous plusieurs conditions, dont « le rejet clair du terrorisme », a souligné Donald Trump, qui a ensuite tweeté une carte des deux Etats envisagés, avec en particulier un tunnel reliant la Cisjordanie à la bande de Gaza.

Martelant sa conviction que les Palestiniens méritaient « une vie meilleure », Donald Trump leur a aussi lancé une mise en garde. Il a annoncé avoir envoyé une lettre à Mahmoud Abbas l’exhortant à saisir « une chance historique », et peut-être « la dernière », d’obtenir un Etat indépendant. « Je lui ai expliqué que le territoire prévu pour son nouvel Etat resterait ouvert et sans développement » de colonies israéliennes « pendant une période de quatre ans », a-t-il précisé.

Selon la Maison Banche, le projet propose un Etat palestinien « démilitarisé ».

Jérusalem restera « la capitale indivisible d’Israël », a-t-il par ailleurs assuré, en proposant de créer une capitale de l’Etat palestinien cantonnée dans des faubourgs de Jérusalem-Est.

Pour Robert Malley, ancien conseiller de Barack Obama et président de l’International Crisis Group, le message adressé aux Palestiniens est clair et sans nuances: « Vous avez perdu, il va falloir vous y habituer ». « Ce plan de paix est comme tant d’autres aventures trumpiennes: il propose une solution à un problème que nous n’avions pas et, ce faisant, rend le problème initial beaucoup plus complexe », a de son côté estimé Aaron David Miller du cercle de réflexion Carnegie Endowment for International Peace.

Eloges de Bibi pour « Jared »

Trump dévoile son plan pour le Moyen-Orient: jubilation de Netanyahu, colère des Palestiniens
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Les Emirats arabes unis ont vu dans ce texte « un important point de départ » pour un retour à la table des négociations.

Leur ambassadeur à Washington Youssef al-Otaïba était, avec ses homologues d’Oman et de Bahreïn, un des représentants de pays arabes à la Maison Blanche, où l’absence des Palestiniens était criante.

L’Arabie saoudite a de son côté dit « apprécier » les efforts de Donald Trump, tandis que l’Egypte a appelé Israéliens et Palestiniens à un examen « attentif » et « approfondi » du plan.

Donald Trump avait confié au printemps 2017 à son gendre et conseiller Jared Kushner, novice en politique, l’épineuse tâche de concocter une proposition susceptible d’aboutir à « l’accord ultime » entre Israéliens et Palestiniens. L’objectif: réussir là où tous ses prédécesseurs ont échoué.

Couvert d’éloges par M. Nentayahu, qui a salué sa « sagesse » et sa « détermination », le mari d’Ivanka Trump a assuré sur CNN que le document représentait une « réelle opportunité » pour les Palestiniens. « Par le passé, ils sont passés maîtres dans l’art de gâcher toutes les chances qui leur étaient offertes », a-t-il ajouté sur un ton peu diplomatique.

Le Premier ministre palestinien, Mohammed Shtayyeh, avait par avance appelé la communauté internationale à boycotter le projet, contraire selon lui au droit international. « Ce n’est pas un plan de paix pour le Moyen-Orient », a-t-il martelé, jugeant que l’initiative visait avant tout à protéger « Trump de la destitution » et « Netanyahu de la prison ».

« Accord du siècle »

Signe que le calendrier est délicat, à un mois de nouvelles élections en Israël où Benjamin Netanyahu est aux prises avec une inculpation pour corruption, le locataire de la Maison Blanche a aussi reçu lundi son principal opposant, Benny Gantz.

Mais c’est avec « Bibi » qu’il a choisi d’apparaître mardi devant les caméras.

Et le Premier ministre israélien, qui se rendra dès mercredi à Moscou pour informer le président russe Vladimir Poutine des détails du plan, n’a pas dissimulé son enthousiasme.

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