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Procès du Carlton de Lille, le procès « hors norme » est terminé

Après trois semaines de débats, le procès pour proxénétisme aggravé en bande organisée, dit du Carlton de Lille, s’est terminé vendredi devant le tribunal correctionnel de Lille. Pour l’opinion publique, cette affaire était avant tout celle de Dominique Strauss-Kahn. Retour sur un procès « hors norme » qui aura mobilisé beaucoup de moyens.

Selon plusieurs avocats, le sort des quatorze prévenus aurait pu être plaidé en quelques heures si Dominique Strauss-Kahn ne figurait pas parmi ceux-ci. Plus de trois ans après l’affaire du Sofitel de New-York, DSK était cependant attendu par la presse venue de toute l’Europe et des Etats-Unis. Durant ces trois semaines de procès, la sexualité de l’ancien dirigeant du FMI a été détaillée par plusieurs prostituées qui se sont constituées parties civiles. Les audiences ont notamment permis d’apprendre que M. Strauss-Kahn était libertin, comme plus de quatre millions de Français, et adepte d’une pratique sexuelle autrefois controversée mais qui n’est plus considérée comme un crime depuis 1791.

Courtois et galant avec les femmes en public, DSK peut aussi se montrer plus « rude » en privé, selon certains témoins. Une prostituée se souvient avoir été « empalée », tandis qu’une autre se rappelle du visage souriant de DSK alors qu’elle était en train de pleurer pendant l’acte sexuel. Interrogé sur ses pratiques sexuelles, M. Strauss Kahn a haussé le ton : « Je ne suis pas jugé pour mon comportement sexuel, libre à chacun de l’apprécier ou pas. »

Depuis le début de l’enquête, qui a duré près de trois ans, DSK a nié être un proxénète. Lors du procès, il a répété qu’il n’avait jamais recruté de filles et qu’il n’avait jamais organisé de parties fines. Ses amis Fabrice Paszkowski et David Roquet se chargeaient en réalité de préparer ces soirées. L’un pour flatter celui qui était annoncé à l’Elysée, l’autre pour être considéré par sa hiérarchie au sein d’un puissant groupe spécialisé dans le bâtiment et les travaux publics. Les deux hommes ont confirmé qu’ils avaient caché à DSK le statut professionnel des filles qui les accompagnaient dans des hôtels, des restaurants ou des clubs libertins à Paris, Lille, Bruxelles ou encore Washington.

Lors de leurs plaidoiries, les avocats de parties civiles ont jeté les armes devant DSK « faute de charges suffisantes ». Le procureur de la République a pour sa part établi le même constat que celui dressé en cours de procédure lorsqu’un non-lieu avait été réclamé en faveur de DSK. « Il ne faut pas le condamner sur base d’une intime conviction », avait commenté le procureur Frédéric Fèvre.

Quant à Me Henri Leclerc, l’un des trois avocats de DSK, il a rappelé au tribunal que son rôle était de faire du droit et non de traiter des questions de morale.

Dans ce procès, quatre hommes risquent finalement gros. Tout d’abord, Fabrice Paszkowski et David Roquet, qui organisaient les soirées de DSK et qui payaient des prostituées. Pour ceux-ci, le procureur a réclamé une peine de deux ans de prison avec sursis et une amende de 20.000 euros. Ensuite, René Kojfer, le « monsieur bon office de Lille », qui engageait des prostituées pour satisfaire les clients du Carlton et de l’hôtel des Tours à Lille. Une peine de 15 mois avec sursis et une amende de 2.500 euros ont été réclamées contre ce septuagénaire visiblement victime d’amnésie lors du procès.

Enfin, Dominique Alderweireld, proxénète « chouchou » des médias en raison de son franc-parler et de sa dégaine de vieux boxeur. Celui-ci, condamné deux fois en France pour proxénétisme, est soupçonné d’avoir envoyé des filles se prostituer en France, ce qu’il conteste. Il risque deux ans de prison, dont un ferme. Une amende de 10.000 euros a aussi été requise à son encontre.

La mise en délibéré a été fixée au 12 juin à 11h00, a indiqué le président Lemaire vendredi en fin de procès.

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