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Présidentielles américaines : nos ministres Ecolo ne voteraient pas vert

À qui Jean-Marc Nollet, Evelyne Huytebroeck et Philippe Henry donneraient-ils leur voix s’ils étaient américains ? « Obama », répondent-ils en choeur. Tant pis pour Jill Stein, la candidate du Green party.

Dans leur édition d’hier, nos confrères du Soir invitaient les membres du gouvernement fédéral à exprimer leur opinion au sujet de l’élection présidentielle américaine. Le résultat ? Un spectaculaire consensus entre néerlandophones et francophones, mais aussi entre socialistes, chrétiens-démocrates et libéraux. 11 des 13 ministres voteraient pour Barack Obama. Les deux derniers, Didier Reynders et Pieter De Crem, ont refusé de se prononcer.

Mais pour qui voteraient les verts, absents du gouvernement fédéral ? Pour le républicain Romney, pour le démocrate Obama, ou pour la candidate au programme le plus proche du leur, l’écologiste Jill Stein, créditée de 1 à 3 % des intentions de vote par les sondages ? Pour le savoir, nous avons posé la question aux trois ministres Ecolo présents dans des exécutifs régionaux.

Jean-Marc Nollet (vice-président du gouvernement wallon) : « Obama, sans hésitation, mais sans enthousiasme non plus »

« Moi, j’aurais envie de voter pour Jill Stein, la candidate du Green Party. Je trouve que la campagne électorale américaine passe complètement à côté de certaines thématiques. Mais si vous me demandez pour qui je voterais effectivement, sans surprise, je réponds Obama. Une victoire de Mitt Romney serait catastrophique. Il ne faut lui laisser aucune chance de devenir président. Pour cette raison, compte tenu de l’enjeu et du système électoral américain, je n’ai pas le moindre doute : je voterais Obama.

Cela dit, je suis beaucoup moins enthousiaste vis-à-vis d’Obama qu’il y a quatre ans. Il a attendu l’ouragan Sandy pour donner l’impression de se préoccuper des problèmes énergétiques. Sur le changement climatique, il a fait des promesses au début de son mandat, et après, il a fait marche arrière. Lors des négociations au sommet de Rio, j’ai constaté une grande fermeture des États-Unis et de l’administration Obama sur les enjeux climatiques. Or c’est fondamental.

Et là, j’en reviens à ma critique du système électoral américain. Il est dépassé, on dirait un truc du 19e siècle. Il ne permet pas d’intégrer la complexité du débat, l’émergence de nouveaux mouvements de pensée. »

Evelyne Huytebroeck (ministre bruxelloise de l’Environnement) : « Obama, pour le climat, les femmes et la santé »

« Je voterais évidemment Obama. La première raison de ce choix, c’est le changement climatique. Son arrivée à la Maison Blanche ne s’est pas accompagnée de la révolution qu’on pouvait espérer. Mais depuis 2004, j’ai participé à plusieurs négociations internationales, j’ai connu l’ère Bush, durant laquelle les États-Unis ne montraient aucune ouverture sur le sujet. Depuis quatre ans, je vois quand même une prise de conscience du côté américain. En décembre, il y aura une nouvelle conférence internationale sur le climat à Doha : il sera important que les États-Unis parlent d’une voix forte. Or les problèmes climatiques ne sont pas du tout évoqués dans le camp de Mitt Romney, alors que les États-Unis sont le premier émetteur de CO2 au monde.

La seconde raison, ce sont les questions éthiques, comme le droit à l’avortement ou le mariage homo. Obama a osé défendre des positions courageuses, pas très populaires dans un pays qui reste très enfoncé dans ses principes. Romney, il est quand même mormon… Ce qu’il prône, c’est surtout la femme au foyer, avec beaucoup d’enfants. En soi, je n’ai rien contre, mais j’ai très peur, s’il était élu, d’un recul très net sur le plan de l’égalité des chances et de la place des femmes dans la société.
Enfin, troisième raison : la réforme de la politique de santé qu’a entreprise Barack Obama. C’est une réforme courageuse, et ce n’était pas gagné d’avance. »

Philippe Henry (ministre wallon de l’Environnement) : « Obama reste le symbole du courage politique »

« Je voterais pour Obama, cette fois-ci comme la fois précédente. Les clivages aux États-Unis et en Europe sont différents, on ne vit pas dans la même société ni dans la même organisation politique. Barack Obama a représenté l’espoir, le changement, une génération nouvelle. Aujourd’hui, il a plus de mal à convaincre. Je crois que c’est lié au contexte difficile, à la crise, qui sévit partout dans le monde. Mais Obama continue selon moi à incarner des idées fortes, à symboliser le courage politique. Son bilan comporte des réalisations intéressantes.

Les difficultés d’Obama nous encouragent aussi à la modestie : il est difficile de réaliser des réformes structurelles de la société. C’est très complexe. Cela demande des stratégies multiples pour y arriver. On doit progresser étape par étape. Et quatre ans, cela passe vite. Il y a quand même un nécessaire temps d’installation. Pour cette raison-là aussi, je pense qu’un second mandat d’Obama serait très positif.

Dans l’absolu, je souhaiterais que les Verts prennent plus de place dans la politique américaine, qu’ils deviennent une vraie alternative. Mais aux États-Unis, je ne crois pas que c’est dans la dernière phase de l’élection présidentielle qu’un parti écologiste est le plus utile. À ce moment-ci du calendrier politique, les petits partis ne permettent pas de peser sur l’issue du scrutin, et voter vert peut même avoir un effet contre-productif. Le choix se fait entre les deux candidats principaux, il n’y a rien à faire. Au moment de voter, on doit bien accepter le système tel qu’il est, même si ce système implique un appauvrissement du débat démocratique. »

François Brabant

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