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Près de 500.000 personnes ont manifesté à Montréal avec Greta Thunberg

Près de 500.000 personnes ont défilé vendredi à Montréal avec la militante suédoise Greta Thunberg dans le cadre d’une nouvelle « grève mondiale pour le climat », ont annoncé les organisateurs de la manifestation.

« On est au moins 500.000 », s’est félicitée l’égérie de la lutte contre l’inaction politique face au réchauffement climatique. « Vous pouvez être fiers de vous ! », a-t-elle clamé, sous les vivats d’une foule composée de nombreux jeunes.

Selon les organisateurs, la manifestation a rassemblé près d’un demi-million de personnes, du jamais vu au Québec, et l’une des plus grosses manifestations jamais organisées au Canada. La police n’a pas donné de chiffres officiels mais elle a salué une mobilisation « historique » qui s’est déroulée sans incidents majeurs.

« Nous ne sommes pas à l’école aujourd’hui, vous n’êtes pas au travail aujourd’hui, parce qu’il y a urgence et nous ne resterons pas les bras croisés », a poursuivi l’adolescente, quelques jours après son retentissant « Comment osez-vous! », lancé à un aréopage de chefs d’État et de gouvernement à l’ONU.

« Cette semaine, les leaders du monde entier se sont réunis à New York. Ils nous ont déçus une fois de plus avec leurs paroles creuses et leurs plans insuffisants », a-t-elle déploré, en évoquant le sommet de l’ONU sur le climat au début de la semaine.

Alors que le Canada est en pleine campagne électorale, le Premier ministre Justin Trudeau s’est mêlé à la foule après avoir annoncé de nouvelles mesures pour l’environnement, comme il le fait quasiment chaque jour depuis le début de la semaine. Dans la matinée, il avait rencontré la jeune militante écologiste suédoise en tête-à-tête.

Une rencontre qui n’a pas empêché Greta Thunberg, 16 ans, d’égratigner la politique environnementale du gouvernement canadien. Comme la plupart des dirigeants de la planète, M. Trudeau « n’en fait pas assez » pour la planète, a-t-elle estimé lors d’un point presse avant la manifestation.

M. Trudeau s’est dit « entièrement d’accord » avec elle. « C’est exactement ce que nous allons faire », a-t-il promis. Dans la foulée, il s’est engagé à planter deux milliards d’arbres sur 10 ans s’il était réélu le 21 octobre.

Interrogée sur les critiques dont elle fait l’objet, la jeune Greta a de son côté dit y voir un « compliment ». « Nous faisons aujourd’hui trop de bruit et les gens ont du mal à gérer alors ils essaient de nous faire taire », a-t-elle affirmé.

Déguisée en arbre

Dans la foule, où se sont côtoyés jeunes et familles, Alexanne Lessard a défilé déguisée en arbre, avec de la peinture verte sur le visage et les bras, des fausses feuilles dans les cheveux.

« Je suis là pour notre futur, pour montrer à notre gouvernement que nous sommes une majorité à vouloir faire quelque chose », explique cette jeune adulte à l’AFP.

Annabelle Vellend, 13 ans, est venue de Sherbrooke, à 150 km à l’est de Montréal, avec son père. « Je crois vraiment dans le mouvement de Greta, elle fait vraiment de belles choses et elle peut encourager surtout en temps d’élection les acteurs politiques d’agir pour les changements climatiques », estime-t-elle, avant de fondre en larmes en apercevant son idole en tête de cortège.

En se mêlant aux manifestants, M. Trudeau, entouré de sa femme Sophie Grégoire et de leurs enfants, a pris le risque d’être interpellé par les manifestants sur sa politique environnementale. L’un d’eux a été arrêté sans ménagement et plaqué au sol par la police alors qu’il insultait le chef du gouvernement et menaçait de lui lancer des oeufs, selon la chaîne CBC.

M. Trudeau a été vivement critiqué pour avoir nationalisé l’oléoduc Trans Mountain, qui achemine le pétrole des sables bitumineux de l’Alberta aux côtes de la Colombie-Britannique, au grand dam des associations de défense de l’environnement.

Le cortège des manifestants a symboliquement terminé sa course à quelques encablures de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI). Coïncidence du calendrier, les dirigeants de l’aviation civile, régulièrement montrés du doigt par le mouvement écologiste pour leur contribution aux émissions de carbone mondiales, y sont réunis depuis mardi et jusqu’au 4 octobre pour leur assemblée triennale sur le même sujet.

Greta Thunberg a traversé l’Atlantique en voilier pour venir aux Etats-Unis et a rejoint Montréal depuis New York dans une voiture électrique prêtée par l’acteur hollywoodien Arnold Schwarzenegger.

Le vendredi précédent, plus de quatre millions de jeunes (et d’adultes) s’étaient mobilisés à travers le monde pour un « Friday for future ». Ils étaient finalement plus de 6,6 millions, a annoncé vendredi Greta Thunberg.

Une semaine plus tard, la mobilisation semblait un peu marquer le pas. En Italie, plusieurs centaines de milliers de jeunes ont défilé dans tout le pays. D’autres manifestations ont eu lieu à Madrid, Zurich, en Australie ou aux Etats-Unis notamment. L’Argentine a recensé une vingtaine de manifestations, tandis que la police chilienne a compté 20.000 personnes à Santiago.

Greta Thunberg a estimé que « plusieurs millions de personnes » avaient manifesté dans le monde lors de cette journée.

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