Le site de Tchernobyl, photographié en 2013 © Wikicommons

Près de 30 ans après la catastrophe de Tchernobyl, le bilan humain et l’avenir du site restent flous

Le Vif

L’Ukraine commémore le 26 avril le 30e anniversaire de la catastrophe de Tchernobyl, pire accident nucléaire de l’histoire, qui a contaminé une bonne partie de l’Europe et dont le bilan sanitaire reste toujours controversé.

Si au fil des décennies Tchernobyl semblait en grande partie oubliée par le monde, la catastrophe nucléaire à la centrale japonaise de Fukushima, provoquée en 2011 par un séisme suivi d’un tsunami, a ravivé les cauchemars relançant le débat international sur la sécurité de ce type d’énergie.

Près de 30 ans après la catastrophe de Tchernobyl, le bilan humain et l'avenir du site restent flous
© Crecendo Films

Le jour anniversaire du drame, le chef de l’Etat ukrainien Petro Porochenko et Suma Chakrabarti, président de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd), qui gère un fonds pour la sécurisation du site, doivent se rendre sur les lieux du drame pour rendre hommage aux victimes. Trente ans plus tôt, à 01h23, le réacteur numéro 4 de la centrale de Tchernobyl, située à une centaine de kilomètres de Kiev dans le nord de l’Ukraine, explosait au cours d’un test de sûreté.

Pendant dix jours, le combustible nucléaire brûla, rejetant dans l’atmosphère des éléments radioactifs qui contaminèrent, selon certaines estimations, jusqu’aux trois quarts de l’Europe, mais surtout l’Ukraine, le Bélarus et la Russie, alors républiques soviétiques.

Silence de Moscou

Moscou tenta de cacher l’accident. Située à seulement trois kilomètres, la ville de Pripyat et ses 48.000 habitants n’a ainsi été évacuée que dans l’après-midi du 27 avril.

La première alerte publique a été donnée le 28 avril par la Suède, qui avait détecté une hausse de la radioactivité. Mais le chef de l’Etat soviétique Mikhaïl Gorbatchev n’est intervenu publiquement que le 14 mai.

Au total, 116.000 personnes ont dû être évacuées en 1986 d’une zone de 30 kilomètres autour de la centrale, toujours zone d’exclusion aujourd’hui. Dans les années suivantes, 230.000 autres ont connu le même sort. Aujourd’hui, 5 millions d’Ukrainiens, Bélarusses et Russes vivent toujours dans des territoires irradiés à divers degrés.

En quatre ans, quelque 600.000 « liquidateurs » – essentiellement des militaires, des policiers, des pompiers et des employés de la centrale – ont été dépêchés sur les lieux de l’accident avec une faible, voire aucune protection pour éteindre l’incendie, construire une chape de béton isolant le réacteur accidenté et nettoyer les territoires autour.

Aujourd’hui, le bilan humain de la catastrophe fait toujours débat. Le comité scientifique de l’ONU (Unscear) ne reconnaît officiellement qu’une trentaine de morts chez les opérateurs et pompiers tués par des radiations aiguës juste après l’explosion.

Un rapport controversé de l’ONU publié en 2005 a évoqué « jusqu’à 4.000 » décès avérés ou à venir dans les trois pays les plus touchés. Un an plus tard, l’ONG Greenpeace a évalué à 100.000 le nombre de décès provoqués par la catastrophe.

La centrale de Tchernobyl a continué de produire de l’électricité jusqu’en décembre 2000, quand son dernier réacteur opérationnel a été arrêté sous la pression des Occidentaux.

Le « sarcophage » de béton bâti à la va-vite en six mois au-dessus du réacteur accidenté menaçant de s’écrouler et d’exposer à l’air libre 200 tonnes de magma hautement radioactif, la communauté internationale s’est engagée à financer la construction d’une nouvelle chape plus sûre. A cette fin, un fonds géré par la Berd a été créé.

Nouveau sarcophage

Après des années de tergiversations, les premiers travaux ont été lancés en 2010 pour mettre en place une gigantesque arche en acier lourde de 25 tonnes et dont la hauteur de 110 mètres lui permettrait de recouvrir la cathédrale Notre-Dame-de-Paris.

Réalisée par le consortium Novarka, coentreprise des groupes français Bouygues et Vinci, cette nouvelle structure étanche, d’un coût estimé de 2,1 milliards d’euros, est déjà assemblée et doit être glissée au-dessus de la vielle chape afin de devenir opérationnelle fin 2017.

Avec une durée de vie de « 100 ans au minimum », le nouveau sarcophage devrait donner du temps aux scientifiques afin de trouver des méthodes pour démanteler et enfouir les restes du réacteur accidenté et décontaminer le site censé redevenir une « pelouse verte » un jour.

Si les fonds pour construire la chape ont finalement été trouvés, il « n’est pas clair » qui financera son exploitation et entretien, s’inquiète une source occidentale proche du dossier, selon laquelle cette question pourrait être abordée à l’assemblée des donateurs le 25 avril à Kiev.

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