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Pour Obama, Trump « n’est pas qualifié » pour être président

Le Vif

Barack Obama a critiqué avec une virulence rare mardi le candidat républicain à sa succession, affirmant que Donald Trump était « terriblement mal préparé » pour devenir président des Etats-Unis et appelant les dirigeants républicains à lui retirer leur soutien.

« Le candidat républicain n’est pas qualifié pour être président », a lancé Barack Obama lors d’une conférence de presse à Washington.

« Je l’ai dit la semaine dernière. Il n’arrête pas de le démontrer », a martelé le président américain, rappelant les propos très controversés de Donald Trump concernant les parents d’un capitaine américain musulman mort au combat, invités de la convention d’investiture de Hillary Clinton la semaine dernière.

Le fait que Donald Trump critique une famille « ayant fait des sacrifices extraordinaires pour ce pays, le fait qu’il ne semble pas avoir les connaissances de base autour de sujets essentiels en Europe, au Moyen-Orient, en Asie, signifient qu’il est terriblement mal préparé pour ce poste », a-t-il asséné lors d’une conférence de presse commune avec le Premier ministre de Singapour, Lee Hsien Loong.

« Je ne suis pas le seul à le penser », a ajouté Barack Obama, avant d’interpeler les dirigeants du parti républicain qui continuent à soutenir Donald Trump tout en dénonçant des propos jugés outranciers. « Il y a un moment où on doit dire +assez+ ».

« Je n’étais pas d’accord avec certains présidents républicains mais je n’ai jamais douté du fait qu’ils pouvaient occuper leurs fonctions de présidents », a souligné le président démocrate, qui soutient Hillary Clinton.

« Pourquoi le soutenez-vous? »

Dans un pays où les militaires suscitent un immense respect, Donald Trump a commis un sérieux faux pas qui pourrait s’avérer très coûteux en s’attaquant ces derniers jours au père du capitaine Humayun Khan, mort en Irak en 2004.

Khizr Khan avait fait un émouvant discours lors de la convention démocrate jeudi, reprochant à M. Trump son projet d’interdire aux musulmans l’entrée aux Etats-Unis pour lutter contre le terrorisme.

Se disant « vicieusement » attaqué, Donald Trump a critiqué à de multiples reprises les propos de cet avocat d’origine pakistanaise, mais aussi insinué que la mère du soldat avait été forcée au silence pendant la convention parce qu’elle était musulmane.

« Répugnants », « impardonnables », ses déclarations ont provoqué une levée de boucliers non seulement chez les démocrates mais aussi parmi les anciens combattants et jusque dans son propre camp républicain.

« Ce n’est pas parce que notre parti lui a octroyé la nomination qu’elle est accompagnée du permis de diffamer les meilleurs d’entre nous », a écrit lundi l’ex-candidat à la présidentielle John McCain, un ancien de la guerre du Vietnam.

Mais le sénateur de l’Arizona, ayant lui-même fait l’objet des moqueries de Donald Trump, n’a pas pour autant retiré son soutien au candidat républicain.

L’état-major républicain non plus, même si ses représentants ont dénoncé ces propos comme de précédentes déclarations polémiques.

Barack Obama les a appelés à réagir. « Le question qu’on doit se poser si on n’arrête pas de devoir dire en termes très forts que ce qu’il a dit est inacceptable, est: +Pourquoi le soutenez-vous encore? ».

Signe d’un changement toutefois? Un élu de New York, Richard Hanna, est devenu mardi le premier membre du Congrès à annoncer publiquement qu’il voterait pour Hillary Clinton le 8 novembre, citant le besoin de chercher des solutions équilibrées et non des slogans « qui en appellent à notre déception, peur et haine ».

Parlant en même temps que Barack Obama, Donald Trump a déclenché une nouvelle polémique d’ordre militaire lors d’un rassemblement de campagne en Virginie (est). Remerciant un ancien combattant qui lui a donné sa prestigieuse médaille Purple Heart, décorant les soldats blessés au combat, le milliardaire a confié en avoir toujours voulu une mais estimé « plus facile » de l’obtenir de cette façon.

Ces propos, émanant d’un homme qui n’a jamais servi dans l’armée, ont déclenché de vives critiques, y compris de la part de Hillary Clinton.

Malgré ses nombreux dérapages, Donald Trump était parvenu à grimper dans les sondages jusqu’à arriver au coude-à-coude avec sa rivale démocrate en juillet. Mais deux nouveaux sondages publiés lundi ont donné une marge confortable de 7 à 9 points d’avance à l’ancienne Première dame.

François Hollande dénonce les « excès » de Trump qui donnent un « sentiment de haut-le-coeur »

Le président français François Hollande a dénoncé mardi les « excès » du candidat républicain à l’élection présidentielle américaine Donald Trump, qui donnent un « sentiment de haut-le-coeur ».

Pour Hollande, qui s’exprimait lors d’une rencontre avec les journalistes de l’Association de la presse présidentielle à Paris, « les excès finissent par créer un sentiment de haut-le-coeur, aux Etats-Unis même, surtout quand on s’en prend, en l’occurrence Donald Trump, à un soldat, à la mémoire d’un soldat ».

Le président faisait allusion à des attaques du candidat républicain contre le père d’un capitaine de l’armée américaine Humayun Khan, mort en Irak en 2004 en tentant de sauver ses hommes.

Le président Hollande a pointé aussi les propos « blessants et humiliants » de Donald Trump.

« La démocratie, c’est aussi la grande question par rapport à la tentation autoritaire que l’on voit surgir » et « notamment » aux Etats-Unis, a insisté le chef de l’Etat français.

Donald Trump, a-t-il toutefois observé en aparté, « n’est pas encore élu » mais « si les Américains choisissent Trump, ça aura des conséquences parce que l’élection américaine est une élection mondiale ».

Notamment sur la présidentielle française six mois plus tard, l’a-t-on interrogé? « Cela peut conduire à une droitisation très forte ou, au contraire, à une correction », a-t-il analysé, notant que « la campagne américaine indique des thèmes qui se retrouvent ensuite dans la campagne française ».

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